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Epitaphe temporaire

Par Thomz
Salomé était assise sur un tapis de laine grise. Elle s'était débarrassée de ses sandales et de son voile, et comme pour suggérer une lassitude d'être qui appelât le secours de l'amitié et de l'intimité, elle avait croisé ses mains sur sa nuque, renversant légèrement sa tête en arrière, faisant saillir ses seins et creusant son ventre. Des échancrures profondes de sa tunique, comme si la naissance du monde se préparait, le corps de la femme était cette odeur seule et totale qui tenait en extase l'espace et le temps. Nul ne savait rien de la nuit. Nul ne savait rien du jour. Exister ne durait pas. Les gestes, comme les mots, se tenaient en deçà de leurs racines : tout était possible, tout l'instant se développait en lui-même sans jamais sortir de soi.
(Claude Louis-Combet, Marinus et Marina, José Corti)

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