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Cinéma: "Un prophète" de Jacques Audiard

Publié le 02 septembre 2009 par Paulo Lobo

On rentre dans ce film avec Malik et avec lui on rentre dans la prison, et puis on n'en sort plus pendant très longtemps. En fait, les 2h20 que dure le film, on ne les voit plus passer, "Un prophète", c'est avant tout un film sans temps mort que l'on regarde sans ciller, parce qu'il nous emmène dans son trip avec une intensité rageuse. C'est l'histoire de Malik qui au départ ne représente rien, on ne sait pas d'où il vient, pourquoi il a été condamné, on sait juste qu'il a 19 ans, qu'il est sans famille et sans amis, qu'il rentre en prison pour six ans dans un grand pénitentiaire et qu'il a peur. Avec Malik, on se retrouve plongé dans un univers carcéral miteux, sordide, étouffant, brutal, et on ne sait pas où le réalisateur va nous mener. Pendant un moment, on croit baigner dans une approche naturaliste et sociale, mais très vite c'est la fiction qui prend le dessus et qui nous embarque. Malik, on s'dentifie d'abord avec lui, on l'accompagne dans son apprentissage de la survie, puis petit à petit on cesse de le voir comme une victime, on comprend qu'il a une stratégie, une intelligence profonde qui lui indique des stratagèmes pour se tirer d'affaire et pour gagner en assurance. Tout à coup, on est confus, on ne sait plus si on peut continuer à voir Malik comme un "héros", certes il a grandi, mais pas dans le sens que l'on attendait. "Un prophète" n'est pas le récit d'une rédemption, d'une élévation spirituelle ou morale, mais plutôt celui de la construction d'une personnalité, d'un être qui se met debout face à une société et qui finit par prendre le dessus sur sa destinée. 

La fin du film, extraordinairement belle, ouvre la porte à tous les possibles, elle laisse s'envoler le personnage et permet à chacun d'imaginer son devenir.   

Histoire bien écrite, réalisation maîtrisée de bout en bout, caméra qui filme au cordeau, refus de tout discours moralisateur, plusieurs scènes d'action magistrales, toutes ces qualités sont réunies dans "Un prophète", un film qui marque l'esprit, un de ceux qui vous trottent dans la tête longtemps après la projection.

L'interprétation est royale, dominée par le jeune Tahar Rahim - qui incarne Malik de façon fulgurante! - et le vieux renard Niels Arestrup - génial dans le rôle du Parrain corse, César Luciani. Mais tous les autres rôles sont époustouflants de justesse et de réalisme. Et puis quelles tronches de cinéma ils ont tous! On est vraiment en plein film de voyous ....   


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