Orthographe et vieilles dentelles

Que ceux qui n’ont jamais fait de fautes d’orthographe ou de français sur leur blog nous jettent la première pierre ! Si nous ne sommes probablement pas les derniers de la classe en la matière, nous ne sommes certainement pas les premiers non plus. Nous nous efforçons simplement billet après billet d’écrire en bon français, correctement orthographié si possible. Ce n’est pas toujours sans peine…

Ce n’est pas de la coquetterie littéraire, du passéisme culturel ou du cabotinage blogosphérique. Ce n’est même pas la lointaine séquelle d’une éducation plutôt « classique ». C’est juste une façon de respecter Josette et Marcel et plus largement toutes celles et tous ceux qui ont l’indulgence de nous lire.

Simplifier et réformer l’orthographe comme le préconise le sémillant François de Closets dans son dernier opus, pourquoi pas ? Il y a déjà tellement de réformes inutiles ou idiotes qu’une de plus ou une de moins… Tant que personne ne nous interdit d’écrire rationnel avec deux « n », de mettre un accent circonflexe sur le « a » de « château » sous le fallacieux prétexte d’une étymologie latine et tant que monsieur 20Minutes.fr tolère que nous écrivions (vraie) galette-saucisse avec un « tiret »…

Il y a déjà eu des corniauds pour nous prier de dire et d’écrire courriel au lieu d’e-mail comme tout le monde, on connaît le résultat…

Nous sommes bien d’accord : le français n’a pas nécessairement vocation à être conservé dans la naphtaline comme un ballot de vieilles dentelles au fond de la commode de mémé. Ne comptez donc pas sur « Restons Correct ! » pour s’associer à une quelconque entreprise de congélation de la langue. Ce serait en plus contraire à l’orthodoxie libérale qui veut que la main invisible du marché linguistique soit en définitive souveraine en la matière.

Il est par contre difficile de ne pas voir que cette campagne « simplificatrice » fait opportunément écho aux thèses des « spécialistes » des « sciences de l’éducation » et autres pédagogues militants si bien illustrés par Superpédago, la caricature favorite de Criticus, le blog de notre ami Roman Bernard. On aura noté au passage que désormais en France l’éducation est une « science », ce qui ne peut que faire pisser de rire tous les parents et leurs mômes…

L’idéologie sous-jacente de ces grands « scientifiques » est bien connue : c’est le babouvisme culturel sur fond d’égalitarisme forcené. En clair : l’objectif est de rendre toute sélection impossible en transformant tous les élèves en imbéciles incultes et illettrés à coup de méthode globale, de référent rebondissant lâché dans les cours de récré et autres cuistreries jargonneuses qui seraient fort drôles si ce n’était pas nous qui payions.

Leur objectif n’est plus 80 % de reçus au bac, c’est désormais 80 % de bacheliers incapables de lire ou d’écrire…

Reste la vraie vie et là, évidemment, c’est un tantinet différent. En attendant que, sous la pression de Superpédago et des ayatollahs de la HALDE, le parlement se décide enfin à voter une « Grande Loi » visant à proscrire et à réprimer toute discrimination ou tentative de discrimination à l’embauche des illettrés, on trouve encore ici ou là des chefs ou des dirigeants d’entreprise, dépourvus de tout esprit pédagogique et civique, pour qui un CV bourré de fautes c’est poubelle, direct.

Message personnel aux demandeurs d’emplois qui seraient victimes de telles pratiques discriminatoires : vous pouvez toujours cafter à la HALDE, ça ne servira à rien mais pendant ce temps là ils ne feront pas de conneries…