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The Enemy – We'll live and die in these towns (2007)

Publié le 11 octobre 2007 par Alexandra

Note album : 3,5/10

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(NDLR : je n'avais pas prévu d'être aussi sévère avec ce disque, mais après l'avoir réécouté en vue de le chroniquer, la chanson titre m'est restée en tête toute une journée et a failli me rendre cinglée.) 

Certaines habitudes perdurent malgré soi. Lors de mes trop rares voyages au Royaume-Uni, j'achète toujours le NME et le disque n°1 des charts, pour peu qu'il contienne quelques guitares tenues par des garçons mal coiffés. A croire que j'exécute ce rituel discutable uniquement pour gagner une bonne occasion de cracher mon fiel. 

Car bien sûr, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même sur ce coup là, tant tous les voyants étaient au rouge vif. La couverture du NME proclamait "Britain's no. 1 album" en gros caractères, avec au dessus la tronche de trois minots en train de cuver leurs dernières bouffées adolescentes. Engoncés dans des vestes aux cols montants totalement zippés, le menton insolemment relevé histoire de pouvoir quand même respirer, les jeunots toisaient le chaland d'un regard bravache et terriblement confiant. L'intérieur du magazine était du même tonneau, avec un reportage d'une emphase délirante, comme seuls les journalistes peu enthousiastes dans le fond peuvent en produire sans remords. Bien entendu, The Enemy avait donné son interview dans un pub mal famé où plein de gros méchants tout bourrés se battent régulièrement. Attablés devant une bonne pinte, un petit teigneux – le chanteur – expliquait sans trop réfléchir que " tu vois, les villes anglaises, ben elles sont trop moches". A ses côtés, le batteur évoquait sa vision de l'amour, qu'il partageait avec bon nombre de marins compulsifs, tandis qu'un discret bassiste se taisait pour de mystérieuses raisons oscillant entre la timidité et le réalisme. Bref, une fois encore, le célèbre hebdomadaire meublait son rythme de parution effréné avec un groupe assez chanceux pour se trouver au bon endroit au bon moment.  

Mais bon, vous le savez tous, au NME, ils ne plaisantent pas. Fort de ses innombrables indics infiltrés dans les dessous de la scène indie, le journal s'appuyait sur le témoignage d'une référence, l'ex-guitariste d'Oasis. Alpagué au sortir d'un show des Enemies, Paul Arthurs s'en sortait avec quelques parallèles trop galvaudés pour réellement blesser. Car si le batteur de The Enemy est un petit gars pourvu d'une tête bizarre, il ne rappelle en rien Keith Moon quand il cogne les fûts. Pareil pour We'll live and die in these towns, le premier album du groupe : la filiation avec (What's the story ?) Morning Glory saute aux yeux, les bonnes chansons en moins. L'inaugural Aggro constitue d'ailleurs un pastiche parfaitement involontaire de Lyla des frères Gallagher, tout en étant également la meilleure chanson du disque. Le reste évoque au mieux un ersatz des cadors habituels du NME (Away from here, Had enough), tant The Enemy incarne ce qui pourrait arriver à Kasabian ou aux Arctic Monkeys s'ils se vautraient dans la facilité de refrains braillards. Tout ceci aurait encore mérité une indulgence blasée si le trio n'avait pas jugé utile de fouiner dans la corbeille à papiers des Killers histoire d'exhumer leurs pires rogatons, mélodies baveuses et guitare imitation synthé comprise, comme pendant l'horrible You're not alone. En bref, The Enemy est à la scène indie ce que les Plastiscines sont au rock français : un groupe jeune et dynamique, malheureusement incapable d'écrire autre chose que des chansons plates et infectieuses, parfaitement calibrées pour parasiter un cerveau mélomane un bon bout de temps. Car c'est bien pour cette raison que le groupe porte affreusement bien son nom. Happy Birthday Jane, une ballade aux textes affligeants, plonge n'importe quels lobes frontaux dans une mélasse inextricable, tandis que la fanfare de la chanson titre se révèle aussi assidue qu'un prétendant ringard et éconduit. C'est d'ailleurs comme cela que le NME considérera The Enemy d'ici peu. 

Classe : "Aggro"
Crasse :
presque tout le reste
 

Pour vous prouver que je ne dégomme pas à loisir, "Aggro" en live

 

par Alex la Baronne publié dans : Nullités crasses communauté : Le Monde du Rock

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