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Eric et Rick jouent pour Freddie

Publié le 07 avril 2009 par Assurbanipal
Hommage à Freddie Hubbard
Paris. Le Baiser Salé. Dimanche 5 avril 2009. 20h30.
Eric Le Lann : trompette
Rick Margitza : saxophone ténor
Emmanuel Duprez : piano
Sylvain Romano : contrebasse
Tony Rabeson : batterie
En hommage à Freddie Hubbard, trompettiste décédé en décembre 2008, légende du label Blue Note, dans le cadre du Blue Note Festival, 3 concerts sont donnés ce soir rue des Lombards. Un billet à 20€ donne droit à l'entrée dans les 3 clubs : Baiser Salé, Duc des Lombards, Sunside. J'ai choisi de rester à celui d'Eric et Rick.
Le batteur n'est pas arrivé à 20h45. Ils commencent sans lui. C'est du hard bop mais allégé car sans batteur pour faire monter la sauce. Le chant/contrechant entre saxophone et trompette est impeccable. Eric brode avec chaleur, vigueur, émotion. Rick est fidèle au son Blue Note au saxophone ténor. C'est du solide. Sans batteur, le contrebassiste marque plus nettement le tempo. Le pianiste swingue bien. D'ailleurs il danse et chantonne de joie sur son tabouret. Tout en jouant Eric fait un beau mouvement avec la trompette pour éviter le batteur qui monte sur scène. Tony Rabeson installe son matériel.
« You don't know what love is ». Ballade prise sur un tempo assez rapide. Le batteur scintille de mille feux. C'est Tony Rabeson. Sax et trompette vont ensemble comme les fraises de Plougastel avec la crème fraîche. Rick prend le chant, Eric le contrechant. Puis c'est l'inverse. Bref l'échange est fructueux. Solo en vol libre de Margitza avec le grand son des Américains. Eric joue plus voilé, plus calme dans un autre genre de beauté. Beau solo de contrebasse, bondissant, trampolinesque.
« All Blues » de Miles Davis. L'exposé chant/contrechant est splendide. L'original est évidemment intouchable mais 50 ans après le thème sonne toujours aussi bien. Solo de Margitza qui, intelligemment, n'essaie pas de sonner comme John Coltrane. Ca swingue grave. Le pianiste est possédé par ce qu'il joue les yeux fermés. Le Lann expose son thème, laisse faire le batteur, échange avec lui. Chacun son tour et ça chauffe. Ils trouvent un petit truc cool pour conclure ensemble.
La salle est remplie car il y a plus de gens à arriver qu'à partir.Cela confirme mon choix.
Sax et trompette commencent ensemble sans la rythmique. « Body and Soul » joué seul au sax ténor par Rick Margitza c'est si bon. Le piano se tait. Le batteur a pris les balais. La contrebasse est bien là. C'est chaud, grave, profond.Au tour de la trompette alors que le piano revient. Ah cette déchirure propre au son d'Eric Le Lann !
Ils jouent « The Theme » ce petit thème final des concerts de Miles Davis entre 1960 et 1967. Solo aérien, aquilin même de Rick Margitza. Eric prend des solos plus courts que Rick. C'est l'usage entre saxophoniste et trompettiste.
PAUSE
Démarrage flamboyant, swinguant d'Eric. C'est la « Caravan » de Duke Ellington. Solo hyperbolique de Rick Margitza. Ca plane pour nous. Eric sait aussi swinguer à pavillon déployé. Le pianiste s'amuse comme un petit fou à triturer les graves. Tony Rabeson est toujours aussi coloré derrière ses tambours. Le Lann joue wah wah avec sa main droite sans sourdine.
Une ballade. Margitza tout en velours. Le titre m'échappe. Le Lann le rejoint à la fois doux et écorché. Margitza se ballade sur la ballade.Superbe. La climatisation fait des bip bip stridents. C'est horripilant même si la clim est nécessaire car ça chauffe dans cette salle remplie. Beau solo profond de contrebasse. Bouleversant solo d'Eric à déguster à petites gorgées. Rick enchaîne seul à son tour. Ca vole très haut avec ces gars là.
Retour au hard bop avec un morceau bien viril, tout à fait dans le style de feu Freddie Hubbard. Schéma classique : exposé du thème puis chacun prend son solo à son tour, sauf le batteur qui n'a joué que des breaks pour l'instant. Par contre ils ne se contentent pas de revenir au thème pour la fin car leurs fins sont souvent surprenantes. Eric est chaud. Il souffle vite, fort et dur. Une merveille de break de batterie chantant, dansant. Tony Rabeson pousse Eric et Rick. Les tambours chantent. Peut-être est ce l'héritage africain chez ce Malgache.
PAUSE
Il n'est que 23h15 mais j'étouffe dans cette salle bondée et il faut se lever le lendemain pour aller au bureau. Fin du concert pour moi. Le duo Eric Le Lann et Rick Margitza pourrait s'élargir à Pierrick Pédron. Eric, Rick et Pierrick ça sonnerait bien et pas seulement sur l'affiche! A quand l'album Messieurs?

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