Malgré les excellentes critiques dont le livre a bénéficié à sa sortie, malgré le "Goncourt des lycéens"... "Un brillant avenir" me laisse un peu perplexe. Une écriture "plate" et sans saveur (Telerama dit "sans gras", c'est une façon de voir les choses), un roman très factuel qui ne suscite pas vraiment l'émotion alors que le destin de l'héroïne, le contexte historique sont particulièrement touchants. Le roman est bâti à partir du récit passionnant d'Elena, "conteuse" remerciée en dernière page. Quelle est donc la valeur ajoutée réelle de l'écrivain ?
Le roman mérite le "détour" cependant. Pour ceux qui l'ignoraient encore, on découvre le régime totalitaire de Ceausescu, une Roumanie viscéralement antisémite, la quasi impossibilité de quitter le pays pour ses ressortissants. Lorsqu'Elena et son mari Jacob, roumains, réussissent à embarquer pour Israël, terre d'asile, tous deux sont assignés, en tant que juifs, à payer une somme d'argent conséquente à l'Etat, qui varie en fonction de l'âge du demandeur, de son statut et de sa fonction dans la société. Le couple y laissera également son appartement. C'est ensuite une vie aux Etats-Unis qui commence pour eux, terre de liberté où tous les rêves sont permis. Elena, devenue Elen une fois naturalisée et Jacob auront un fils, Alexandru, promis à un brillant avenir. Mais le jeune damoiseau s'amourache d'une petite française... L'ouvrage raconte parallèlement la jeunesse d'Elena en Roumanie, son combat pour la fuite, et sa relation chaotique avec Marie devenue sa belle-fille... On se demande laquelle des deux réusira à apprivoiser l'autre. On s'y retrouve parfois. A lire donc, pour l'intérêt du récit mais aussi pour le portrait psychologique des deux héroïnes principales. Quelques très belles pages sur la fin. Un Jacob poignant. Mais l'ensemble reste un peu convenu, comme le titre d'ailleurs. A vous de juger.