Je me suis accordé quelques jours de repos, c'est-à-dire de vide, avant de reprendre plus soutenue la troisième partie de Coup de tête. Je n'ai pas noté grand chose dans le Journal de ces derniers jours car bien peu de notes m'ont traversé. Je regarde par la fenêtre le même ciel, mêmes feuilles agitées et volets clos. Je vois depuis celle de la cuisine les RER alternés à heures fixes. Je regarde Code Quantum qui repasse sur France 4 : Scott Bakula y incarne un personnage par épisode et change de corps tous les jours, exactement comme il y a quinze ans lorsque je le regardais sur M6. Je n'écris pas beaucoup. Coup de tête demande des temps de relecture importants, ou bien peut-être que je me retiens moi-même de peur de terminer quelque chose. Je n'ai pas repris Accident de personne, projet fantôme qui ne veut pas de moi (plus tard, peut-être, lorsque je reprendrai le train régulièrement ?). J'ai terminé Ernesto & variantes avant mon dernier jour. Je réfléchis vaguement à l'idée d'une guerre telle qu'elle s'affiche sur les pages successives de Novembre 1918, une révolution allemande et Tombeau pour cinq cent milles soldats. Je fixe le plafond trop blanc éclairé par les canicules extérieures. Je n'ai pas encore jeté un œil aux diverses petites annonces qui pourraient peut-être m'ouvrir vers un autre emploi kleenex qu'il faudra poursuive. J'ai le temps. J'attends encore versement de mon solde de tout compte. J'attends encore que quelque chose tombe et que le reste suive.
Puis Coup de tête III reprend, tous les jours relire les mêmes pages jusqu'à ce que la forme de l'écran me convienne. Encore quelques jours et je pourrai avancer. Je ne pense pas m'y enfoncer aussi longtemps que la deuxième partie. Aujourd'hui ce paragraphe commence à s'imposer de lui-même, ensuite le reste.
Y a des jours ou on a rien dans le ventre et où le vide résonne. Ça s'appelle pas l'autosuggestion cette fois, ça a plutôt à voir avec les calvaires du corps, ceux qu'on soupçonne même pas. Les nerfs et tendons qui se défont, bientôt vont péter sous l'effort. Encore quelques longueurs et je le sais, sens, mes bras viendront couler au fond de l'eau, la chair et les os arrachés au niveau des épaules. Alors à ce moment là je lutterais juste avec les jambes, battement de pieds battement de pieds battement de pieds, pour pas finir la tête sous l'eau. Une fois arrivé au bout de la ligne, plus aucun gouvernail pour faire demi-tour ni mains valides pour me hisser : je m'exploserai la tête sous le plongeoir et l'eau trop bleue trop verte de la piscine municipale se laissera fendre d'un peu de rose en plein milieu qui déteindra.