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Il y a un an, Lehman...

Publié le 14 septembre 2009 par Flavienneuvy

15 septembre 2008, 00H57, l’annonce officielle tombe : Lehman Brothers ne relèvera pas le Trésor américain ayant refusé d’apporter sa garantie pour une ligne de crédit supplémentaire et ayant refusé d’apporter sa caution à un éventuel repreneur. L’inimaginable se produit : c’est la première fois qu’une banque si importante par la taille de son bilan (600 milliards de dollars) fait faillite. Les conséquences de cette chute sont d’une brutalité extraordinaire. Le système financier est paralysé, l’argent ne circule plus entre les banques car elles ne se font plus confiance.

1 an après cette faillite, comment ne pas revenir quelques lignes durant sur les origines de cette crise profonde que le monde traverse depuis plusieurs mois maintenant.

Il faut être précis et rester factuel car la tentation est grande pour certains de tenter de faire croire tout et n’importe quoi sur les causes et les conséquences de la crise la plus grave depuis la grande dépression des années 30.

Que s’est-il passé et dans quel ordre se sont succédés les évènements ? Tout a commencé par la crise des subprime aux USA. Cette crise des subprime s’est transformée en crise financière qui elle-même s’est transmise à l’économie réelle. Ce troisième temps de la crise correspond à la récession traversée par le monde. Il semble bien que nous soyons dans le quatrième temps avec une stabilisation de la plupart des économies dans le monde, voire un début de reprise pour certaines d’entre elles.

Je vais centrer mon propos sur les origines de la crise et ses mécanismes de propagation. La crise a débuté aux USA avec la crise des subprime. Une rapide définition du crédit subprime : un crédit subprime est un crédit accordé à une catégorie d’emprunteurs peu ou pas solvables. Ces emprunteurs présentent un risque de défaut de paiement particulièrement élevé. Songez par exemple, qu’il n’était pas rare de voir des ménages ne pouvant plus rembourser leurs crédits en cours se voir attribuer des prêts supplémentaires. En outre, le crédit subprime présente de nombreuses spécificités techniques hautement risquées (comme par exemple la possibilité de commencer à réellement rembourser son crédit en capital plusieurs années après la mise à disposition des fonds). Les banques accordaient des crédits subprime sans même vérifier la solvabilité des emprunteurs (revenus et endettement) en se basant sur la seule valeur estimée du bien acheté. C’est une folie pure qui conduit droit le mur. En France mais également en Europe, les méthodes d’octroi sont complètement différentes : la solvabilité de l’emprunteur est systématiquement évaluée et une crise des subprime à « l’américaine » est simplement impossible en France. Aux USA, tout s’est globalement bien passé pendant plusieurs années. En effet, les emprunteurs en difficulté pouvaient revendre leur bien à un prix convenable et ils pouvaient ainsi solder leur prêt. Hélas, le marché de l’immobilier s’est retourné en 2006-2007 et les premières difficultés sérieuses sont apparues.

Alors comment des banques américaines ont-elles pu prendre autant de risques ? Pourquoi n’ont-elles rien vu venir et comment le risque s’est-il propagé à l’ensemble de la planète ? La réponse est simple et s’appelle « titrisation ». Sans entrer dans des détails techniques, la titrisation consiste à transformer ses créances en titres financiers et à les revendre à des investisseurs. Cette technique présente l’avantage de sortir du bilan de la banque créancière le risque emprunteur. L’investisseur qui achetait du papier subprime pouvait obtenir des rendements très élevés en contrepartie de cette prise de risque. Auparavant, une banque A qui prêtait à un client B portait le risque de défaut. Si monsieur B ne pouvait plus rembourser, la banque A provisionnait dans ses comptes le montant correspondant à la perte estimée. Avec la titrisation, la banque A a revendu le crédit fait à monsieur B à plusieurs investisseurs. Du coup, si monsieur B ne peut plus payer, la perte est plus diffuse et est répartie entre tous les investisseurs. Ce système fonctionne bien si le taux de défaut de paiement reste sous contrôle. Or les banques américaines, toutes heureuses de pouvoir titriser à outrance et ne portant plus le risque, ont prêté de façon excessive et déraisonnable. Avec la hausse des taux décidée par la Federal Reserve (de 1,5% à 5,25% en deux ans), le taux de défaut a explosé. Entre temps, le risque subprime s’est propagé sur la planète finance avec la faillite de Lehman qui symbolise à elle seule la crise financière. Après ce coup de tonnerre, les banques ne pouvaient plus se faire confiance. Qui avait pris du subprime ? Qui allait faire faillite ? Telles étaient les questions que tous les banquiers se posaient. Résultat, le marché interbancaire s’est complètement bloqué. Après ce choc financier intense, la crise de confiance s’est propagée à l’économie réelle plongeant le monde dans une récession brutale. Il convient de préciser que toutes les banques du monde n’ont pas été touchées de la même manière, certaines ayant fait preuve de plus de prudence (les banques françaises en font partie). Qui est responsable de ce désastre? D’abord les banques américaines qui ont trop prêté à des emprunteurs trop peu solvables. Ensuite les agences de notation qui ont attribué des notes excellentes à des actifs pourris. N’oublions pas non plus les normes comptables (IFRS) qui imposent des règles concernant la Fair value et qui ont accéléré la crise.

Pour finir, un mot sur les traders dont on a beaucoup parlé ces derniers temps : ils n’y sont pour rien dans cette crise. Je comprends bien qu’intellectuellement ce soit confortable d’avoir des boucs émissaires mais cela ne correspond pas à la réalité.

Pour aller plus loin je vous recommande la lecture de ce livre :

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Flavien Neuvy


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