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Alain Mabanckou : Mémoires de porc-épic

Par Gangoueus @lareus
Alain Mabanckou : Mémoires de porc-épic J’ai relu les Mémoires de Porc-épic de Verre cassé, enfin d’Alain Mabanckou. J’avais déjà eu le plaisir d’en faire une première lecture peu avant la création de ce blog. Et fait assez rare, j’ai eu envie de le relire pour vous le présenter. Je crois que c’est la fertilité de l’imagination d’Alain Mabanckou qui m’y a encouragé, sa capacité de mettre en scène cette imaginaire prolifique sous des formes originales tout en puisant son inspiration également dans la démarche d’autres auteurs.

L’une des raisons qui me stimule est également le fait que Mabanckou évolue dans sa démarche. African psycho lui avait donné l’occasion de pénétrer l’univers d’un tueur en série version équatoriale. Si j’avais apprécié l’écriture de ce roman, le personnage de Grégoire Nakobamayo ne paraissait pas crédible au vu des mœurs congolaises. Dans Mémoires de porc épic, le romancier reprend cette thématique en puisant beaucoup plus dans le sérail, dans les croyances populaires bantoues.

De quoi parle-t-on ? Des confessions d’un porc-épic à un baobab. Il aurait été le double nuisible de Kibandi, un mangeur d’hommes, bref un tueur en série à la sauce africaine. C’est quoi ce délire me diriez-vous ? C’est du Mabanckou, du bon Mabanckou qui s’attaque à un tabou pour beaucoup d’africains : la sorcellerie ou plutôt certaines croyances qui gravitent autour de ce concept.
L’idée serait que tout homme aurait dans ces contrées, un double animal dans la nature. Pacifiques souvent, mais nuisibles pour les maîtres qui cherchent à régler leur noise sous des formes mystiques.
Le texte se présente sous deux volets où se construisent les personnages marginaux de Kibandi, fils de sorcier et celui de son complice de porc-épic puis le thriller version congolaise que nous narre le porc-épic repenti.

Tout cela aurait du mal à passer, pour un esprit non averti, si Alain Mabanckou ne désamorçait pas son propos par le rire, l’ironie, la farce. Si bien que ce texte offre deux niveaux de lecture : ceux qui prennent le texte à quelques variantes (nombreuses) près comme le quotidien de beaucoup, et ceux qui le prennent pour un conte animalier peu orthodoxe.

C’est le tour de force du romancier d’exorciser ses peurs de l’enfance en les faisant passer pour une grosse blague.

Le regard de l’animal narrateur sur son maître fait penser à l’analyse de Mboudjak, le chien philosophe sur les sous-quartiers camerounais de Patrice Nganang dans Temps de Chien. Les références littéraires sont également nombreuses, plus subtiles que dans Verre cassée. La ponctuation se réduit à la virgule. Le lecteur a intérêt prendre son souffle. Le propos simple, plaisant chargé d’humour d’un petit mammifère pris dans la tourmente mortifère des humains.

Alain Mabanckou : Mémoires de porc-épic
Bonne lecture,

Alain Mabanckou, Mémoires de porc-épic

Prix Renaudot 2006, Edition du Seuil, 1ère parution en 2006
Une interview d'Alain Mabanckou sur Afrik.com

Quelques avis enthousiastes Wodka, Lorraine, Les îles limousines et timoré La Lettrine


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