Magazine France

PIB Gadget

Publié le 18 septembre 2009 par Aymeric

Pif gadget

Évidemment que le PIB n’est pas la seule mesure valable du bien-être d’une nation.
Qui en doute à part quelques éditorialistes économiques paresseux qui se contentent de commenter le taux de croissance comme on parle de canassons dans la troisième ou, symétriquement, ces troupeaux d’alter qui, faisant de la décroissance une omni-solution, ne vont finalement pas beaucoup plus loin qu’un de ces Jean-Marc Sylvestre qu’ils adorent détester ?
Tenez, par exemple, si j’ouvre l’un de mes quatre livres en cours, Les Prêcheurs de l’apocalypse de Jean de Kervasdoué, le feuillette sur plusieurs pages, j'y lis :
« La Production intérieure brute ne tient compte ni de la paix, ni de la justice sociale et les questions d’environnement lui sont totalement étrangères. […] En revanche, l’espérance de vie permet de comparer les pays dans les temps et dans l’espace, et autorise un regard nouveau sur leurs évolutions récentes. […] Il vaut mieux être Japonais (81,5 années d’espérance de vie à la naissance) ou Français résidant en métropole (80,5 années) qu’habitant des Etats-Unis (77,5). Une médecine à la pointe du progrès n’est pas toujours synonyme de bonne santé. […]
La justice sociale est bonne pour la santé. Les pays qui offrent à leur population la plus longue espérance de vie (Japon, Suède) se trouvent être aussi ceux où la différence de revenus entre classes sociales est la plus faible. »
Et bien, me direz-vous, voilà qui donne raison à  la commission Stiglitz/Sen/Fitoussi.
Le PIB, voilà l’ennemi, il nous faut le réformer sans retard.
Je ne crois pas non.
Pas parce que j’y vois le désir obsessionnel du président de tout contrôler et d’écraser ce qui lui déplait ou lui résiste.
Pas non plus parce que, comme le remarquent perfidement – un atavisme dirait certain nos voisins grand-britons ce changement de mesure, outre qu’il flatte la défiance nationale à l’égard du tout-économique-anglo-saxon-bla-bla-bla, permettrait également – enfin si il était universellement adopté – d’offrir à notre glorieuse nation des talonnettes un tremplin vers les toutes premières places.
Après tout de troubles motivations peuvent donner, malgré elles, d’excellents résultats.
Mais ici, ce qui m’effraie, ce sont les très probables effets pervers du type loi de Goodhart.

Comprenez-moi, si l’idée est de transformer le PIB en produit national net (PNN), de telle manière qu’il s’approche autant que possible de la juste mesure du bonheur humain, nul doute que c’est à l’aune de ce nouvel instrument qu’on mesurera la réussite d’une société en fin de compte, loin de sortir de la "religion du chiffre", on ne fait que changer d’idole pour s’y vautrer plus allègrement encore.

« Toujours plus de la même chose. »
Ce nouveau PIB a, en définitive, les atours d’un gadget malfaisant, qui précipiterait, à rebours de ce que claironnent pourtant les Sarkozy-Guaino, la mort du politique. Quand la mesure devient plus qu’un outil, un programme, ce sont les options politiques, celles qu’on soumet aux suffrages, qu’on escamote.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aymeric 1898 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog