Enfin ! Après les aventures de Jack Sparrow, dans Pirates des Caraïbes - et en dépit de l'excellente réalisation des films, autant que du jeu de Johnny Depp - le paysage maritime manquait d'un bon vieux pirate, avec une gueule découpée par les embruns et burinée par les journées en mer. Hannibal Meriadec est cet homme. En quête d'un mystérieux Manuscrit Karlsen, destiné manifestement à sauver sa tendre Selina, le Capitaine Meriadec, a mené son équipage de « flibustiers à la morale douteuse » de trésors en aventures. Aujourd'hui, un nouveau butin s'offre à eux : Les larmes d'Odin, des diamants d'une pureté « jamais égalée », cachés sur une île dont des dragons ont la responsabilité.
Parallèlement, Éric, homme de son équipage, a donné sa vie pour retrouver la trace de l'étrange manuscrit, et surtout échapper aux mains de pierre d'êtres fantomatiques, option sorcières bien rageuses. Ou chiennes de garde en rut, c'est selon. Terra marique, et avec un marquis cocu aux trousses, l'équipage a fort à faire...
Hissez haut ! Voilà des pirates fiers et arrogants, défiant l'autorité et vivant pour leur seule gloire. Avec un sens rigoureux du détail et un dessin particulièrement expressif, ce titre est une perle pour qui souhaite prendre le large en mauvaise compagnie. Bien sûr, on peut reprocher à des hommes vivant sur la mer un cheveu lisse et soyeux qui manque cruellement d'écume et de sel : la barbe de Mériadec est un modèle de soin capillaire assez rare...
On ajouterait aussi le dessin est assez commun, pas au sens mauvais, au contraire, mais facile à apprécier. Et alors ? Avec le scénario que s'offre ce titre, qui alterne entre souvenirs et présent, histoire d'amour et magie noire, occultes (et terrifiantes) créatures et hommes emportés par leur orgueil, on passe volontiers sur un dessin "facile".
Le découpage est cependant un brin surchargé, et l'on tombe sur des pages avec 9 ou 10 cases oppressantes, alors que le rythme à cet instant précis ne le réclamait pas forcément. La faute à ces blancs entre les cases, car d'autres pages sont de petits plaisirs de constructions tout à fait délicieux (cf pp. 29 et 30 pour exemple).
Évidemment, on trouvera une bataille en pleine mer, sous la tempête, mais sans un seul coup de canon ni de feu : superbe ! Un interrogatoire de notable vicelard, qui se finit par une décollation dans les règles de l'art. Un sauvetage durant une exécution publique palpitante... Le tout avec des personnages au caractère bien trempé, évitant l'écueil - hem... - du stéréotype facile... Bref, un trésor à lui tout seul.
Hissez haut, je vous dis : Hannibal Meriadec, c'est mon nouveau héros.
Hannibal Meriadec et les larmes d'Odin, 1. L'Ordre des cendres, publié chez Soleil, par Istin, Créty et Cordurie, pour 12,90 €. (d'autres extraits à cette adresse)
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