La vague de suicides chez France Telecom commence à poser de plus en plus de questions. On sent la montée d'un malaise des employés face à un travail jugé deshumanisé alors même que la pénibilité s'est fortement réduite au fur et à mesure des années. Regardez par exemple l'évolution en 50 ans dans l'agriculture ou dans l'industrie. Montée de la paresse dirons certains. Une autre explication existe pourtant.
Dans C dans l'air, émission de France 5, un expert évoquait l'effet des missions d'optimisation de processus sur le moral des employés. Cette réflexion m'a intrigué car je mène régulièrement des projets d'optimisation de processus, certains suivant la méthodologie Lean Six Sigma. Les grands principes de ces missions sont de réduire la disqualité (facteur de coûts et d'insatisfaction client) et d'éliminer les temps sans valeur ajoutée : temps morts, tâches inutiles ou redondantes... Grâce à ces deux dimensions, les entreprises peuvent améliorer la satisfaction client, tout en réduisant les coûts. Le problème, c'est que la plupart du temps l'angle coûts est privilégié ce qui affecte le moral des troupes. Par ailleurs, j'avoue douter aussi sur un aspect : supprimer le temps sans valeur ajouté, c'est aussi supprimer des temps de "respiration" pour les salariés, des moments plus creux où l'on peut recharger les batteries, prendre le temps de discuter un peu avec les collègues... Optimiser au maximum, sans redonner une partie du temps ainsi libéré aux salariés, c'est deshumaniser le salarié en supprimant tous les moments qui font de l'entreprise un lieu de socialisation.
Me voilà donc plongé en plein doute sur le bien fondé de mes missions.