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Réétalonnage des papilles

Par Eric Bernardin

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Mercredi dernier sonnait le retour des dégustations du QSCB. L'occasion de se refaire normalement les papilles après deux mois relativement calmes. Sauf que ... manque de chance : j'ai attrapé un rhume deux jours plus tôt. Du coup je n'étais pas vraiment dans un état optimum pour apprécier les vins. D'autant que c'était la formule "soirée concours" qui avait été choisie par Sylvain. Mon partenaire ne fut pas vraiment gâté, d'autant que lui aussi faisait une consommation impressionnante de mouchoirs en papier : le duo de choc !

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Euh, vont me dire certains. Il y a des trios sur les différentes tables. Pourquoi parles-tu de duo, l'ami ? Eh bien, en fait, on était bien trois à ma table, mais le troisième était l'organisateur de la soirée, qui ne pouvait nous donner aucun indice, si ce n'est des sourires malicieux de temps en temps (qui ne servaient strictement à rien, je peux vous le certifier : il suffit de voir notre score minable à la fin de la soirée...).

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Un premier vin nous est servi en carafe, légèrement effervescent. Malgré mon nez bouché, ça sent le chardonnay, accessoirement le champagne. A savoir la noisette, la brioche. Suivent aussi des notes de fruits confits. La bouche est d'un volume ample, généreux,avec un bel allant. Une fine acidité apporte une belle tension à ce vin qui finit presque doux. Je soupçonne un millésime solaire. En fait, c'est tout simplement un brut, alors que je suis plutôt habitué aux extra-brut, voire aux brut nature (non dosé). En tout cas, c'est très sympa. C'est un Champagne Brut Merveille de la maison Zoémie de Sousa (= négoce de Erick de Sousa).

Suivent trois vins blancs secs.

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Le premier me fait penser à un chardonnay mûr, avec ses arômes de pomme chaude et de notes grillées. La bouche est mûre, gourmande, ample, avec une bonne fraîcheur. Ce vin me fait penser à un Macon de Guffens. Il s'avère être un Vouvray Clos du Bourg 07 de Huet (donc chenin). Bizarre, j'en ai déjà bu : ça ne ressemblait pas trop à ça...

Le deuxième

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me fait penser à un chenin, avec son côté agrume et fruits blanc. L'acidité est plus présente que le vin précédent, mais il y a aussi du volume et du gras. Je pars sur un Savennières. Et là, badaboum ... c'est un Macon-Pierreclos de Guffens-Heynen, en Crazy 2006 (donc chardonnay). Aurais-je inversé les verres???

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Le troisième a tendance à "pétroler" , avec en plus des notes de cire, de fruits exotiques. La bouche est très ample, bien mûre, avec une acidité discrète qui prolonge le vin. Je pense à un Riesling de Deiss. Tout faux. C'est un ... savennières ! Etonnant, non ? Pour être précis, la Cuvée des nonnes 2003 du domaine de la Roche aux Moines (madame Laroche).

Nous passons ensuite aux vins rouges.

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Le premier a un nez sur les fruits noirs frais, associé à des notes végétales. Ces dernières se confirment en bouche. C'est vert, acide, pô bon, pour ma part.  Avec Vincent, on part sur un merlot pas mûr, en souvenir d'un Haut Maco qui présentait ce caractère. L'étiquette est découverte : stupéfaction !  C'est le Vin est une fête 06 de Elian da Ros. On se demande la fête à qui ?...

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Le deuxième a un nez plus généreux, plus mûr, et une robe beaucoup plus sombre. Fruits noirs, épices, léger poivre. Certainement une syrah. La bouche mûre, dense, épicées aurait tendance à confirmer. Vincent se demande toutefois si ça ne serait pas un pinot noir. Parce qu'il s'est déjà fait avoir plusieurs fois. Il avait raison : c'est un un Vosne Romanée "vieilles vignes" 2002 de Dugat-Py. Vraiment hors-norme, les vins de ce vigneron !

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Le troisième a un nez de fruits mûrs additionnés d'eau de vie. Ca sent Châteauneuf et ses environs (et une dominante grenache). La bouche est ample, presque surmûre, un poil alcooleuse en finale. C'est bien un châteauneuf : les Olivets 2006 de Roger Sabon.

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Le quatrième a un nez plus discret, mais plus racé aussi, avec un élevage superbe. La bouche est un modèle d'équilibre : dense, mûre, fraîche, avec des tannins d'un velouté incroyable. De la bel ouvrage. Quelqu'un dans la salle propose le château d'Ampuis de Guigal. Bravo, c'est bien cette côte rôtie, dans le millésime 2005.

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La robe et le nez du cinquième sont troublants. La première est peu intense, translucide, et le nez a des odeurs de rose légèrement musquée. C'est quoi ce truc? La bouche démarre plutôt bien, avec un côté savoureux, mais ça part en vrille en finale, avec de la volatile et de l'amertume. Ca doit être un vin un peu nature, fait à l'ancienne. Bonneau? Non Beau-Thorey (je le connais : j'étais allé chez lui en 2003). Cette cuvée Bogus est à base de ... Muscat de Hambourg ! Ca explique le nez bizarre. Et le producteur explique la volatile, parce que plus nature, c'est pas facile !

Le dernier rouge est à l'opposé : robe d'une opacité rare, sombre. Nez fin, élégant, évoquant un beau Médoc. Bouche dense, pulpeuse, aux tannins doux, puis se durcissant sérieusement en finale. Saint Estèphe ? Non, madiran (tannat) : la Tyre 2000 de Brumont.

Il reste deux "liquoreux". Je le mets entre guillements, parce que le premier s'avère sec de chez sec. Sylvain ne l'avait pas goûté auparavant, et avait lu des compte-rendus disant qu'il était liquoreux (comme ici, par exemple).

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Le premier a donc une robe dorée. Un nez sur des notes de fruits secs et de fumée. La bouche est sèche tendue, avec des arômes oxydatifs. La finale ne livre pas un gramme de douceur... C'est Oro 1996 du domaine Peyre Rose.

Le deuxième a une robe ambrée. Nez sur l'abricot, le miel. Bouche ronde, fraîche, moelleuse, mais sans suavité. Finale d'une grande netteté. Bon, mais pas grand. C'est le château de Fargues 1995 (pas un grand millésime en sauternais).

Eh bien voilà : fin de la première séance. Etonnante pour tout dire. Sylvain nous a vraiment balladé. Et étonnant pour un médocain, il ne nous a pas servi seul Bordeaux rouge ! Tout se perd...

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