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De l'air frais et des survivances

Publié le 14 août 2009 par Paule @patty0green
En cette très chaude journée d'été, comme on en a eu peu jusqu'à présent, je me suis rendue au centre-ville pour prendre un bain d'air climatisé! J'ai fait plusieurs longueurs à travers les oeuvres des expositions qui sont à l'affiche au Musée d'art contemporain de Montréal : collection permanente (Betty Goodwins, Christine Davis Addad Hannah, Franz West) et expositions temporaires (Robert Polidori, Christine Davis, Spring Hurlbut). Quelques oeuvres m'ont tout spécialement touchée : je fais un petit saut rapide dans le musée!
De l'air frais et des survivances
Image : Salle de classe dans la ville de Pripyat, zone d'exclusion de Tchernobyl, Ukraine
de Robert Polidori, Site du MACM
À quoi ressemble un lieu subitement déserté et dans lequel presque personne n'est retourné par la suite? Rendre visible une catastrophe nucléaire, comme celle de Tchernobyl, après plus de 20 ans, consiste d'abord en une chasse aux fantômes. Les photographies de Polidori, à ce sujet, évoquent l'urgence qu'il y a dû avoir à quitter les lieux après l'émission de la radioactivité dans l'environnement. À travers l'absence de figure anthropomorphique et le désordre, on imagine le mouvement des bousculades sous la presse des habitants. On perçoit les couleurs de l'abandon dans les choses qui ont vraisemblablement regagné une vie qui leur est propre.
De l'air frais et des survivances
Image : Résidence de la Señora Luisa Faxas no 1, Miramar, La Havane, Cuba
de Robert Polidori, Site du MACM
Plusieurs images de Polidori montrent qu'il est possible de peindre à l'aide de son appareil photographique. Alors que certaines d'entre elles représentant les ravages engendrés par des catastrophes naturelles et nucléaires rappellent la pratique du photo journalisme (je sais que la frontière est aujourd'hui très mince entre cette pratique et l'art contemporain), d'autres nous font voir l'empâtement d'une matière picturale qui n'en est pourtant pas le matériau. Je pense, tout spécialement, aux photographies d'appartements personnels prisent à La Havane (Cuba). Habités de toutes sortes d'objets, les appartements ainsi photographiés offrent à l'œil indiscret la possibilité de faire une petite enquête sur leur propriétaire.
De l'air frais et des survivances
Image : Le jardin du sommeil de Spring Hurlbut, Site du MACM
Une seule salle est consacrée à l'œuvre de Spring Hurlbut, Le jardin du sommeil. J'y suis resté un bon moment pour y marcher. Des vieux berceaux et lits d'enfant dont il ne reste que la structure métallique sont cordés sous un éclairage tamisé. J'ai remarqué, avec étonnement, que la plupart des gens n'entrait pas dans la salle. Ils regardaient par l'embrasure comme s'il s'agissait d'un tableau impénétrable. Le lieu est à la fois si tranquille et si vivant, cela donne une réelle sensation de se ballader dans un jardin entre les dormeurs invisibles. Celui qui s'y aventure un peu plus longuement remarquera que chacun des lits est singulier, évoquant la possibilité que des corps tout aussi singuliers puissent s'y trouvés, endormis.
De l'air frais et des survivances
Images : Not I de Christine Davis, site du MACM
Not I, de Christine Davis, offre une expérience visuelle que je qualifierais d'hypnotisante (je ne sais combien de temps je suis restée dans la petite salle). Des extraits de textes de Samuel Beckett et de Simone Weil sont projetés, à l'aide de diapositives, sur un écran suspendu recouvert de boutons « vintage ». On aurait pu trouver un tel mur de boutons dans Alice aux pays de merveilles ou un conte de fée. Les boutons s'illuminent à travers des lettres et l'effet est à chaque fois celui d'une apparition. Des miroirs se trouvent de chaque côté de l'écran afin de permettre au spectateur de lire certains extraits qui apparaissent à l'envers. Davis manipule avec doigté les technologies anciennes et récentes comme en témoignent les oeuvres de l'exposition qui lui est consacrée et qui occupe une autre salle du musée.
Une seule mise en garde : préparez-vous, car il fait vraiment chaud lorsque l'on franchit la porte de sortie!!

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