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KiD CuDi – Man on the Moon : The End of Day, la chronique

Publié le 25 septembre 2009 par Www.streetblogger.fr

Le vendredi 11 septembre dernier fut un jour important pour KiD CuDi. Tout d’abord il passait en live avec Ratatat dans le Late Show de David Letterman qui réunit chaque semaine en 3,5 millions de spectateurs en moyenne sur le câble. Après ce passage il fila droit au Madison Square Garden où l’attendait Jay-Z pour son concert événement Answer Call où il performa le titre « Already Home » qui figure sur l’album Blueprint 3 . Deux jours plus tard, il chantait sur la scène secondaire des MTV VMA’s avec Wale et le groupe UCB, son titre « Make Her Say ». Puis s’en sont suivies des interviews sur les plus grosses radios US. Voilà donc les derniers préparatifs de CuDi pour le lancement en orbite Mardi 15 septembre 2009 de son premier opus Man on the Moon : the End of Day.

Kid Cudi - New Music - More Music Videos

C’est dans nos tympans que l’alunissage a lieu  pour un album sur lequel on a beaucoup spéculé depuis plusieurs mois.  On a annoncé pléthore de producteurs par exemple. Les plus coriaces d’entre nous auront surement vus les séances studios avec Ryan Leslie ou Swizz Beatz sur les blogs US ou sur Twitter. Dot Da Genius, qui a hypnotisé les dancefloors du monde entier en créant la mélodie de « Day’N’Nite », avait aussi été sollicité. On avait parlé d’Alchemist et Wil.I.Am mais c’est sur leurs projets qu’on a retrouvé CuDi et non sur l’album tant attendu. On  a même retrouvé sur une démo tape qui a filtré sur le net à l’insu de l’artiste, une production d’Eminem sur laquelle le kid de Cleveland a posé un refrain qui n’a finalement pas été retenu. Pareil au niveau des featurings puisque CuDi avait lui-même annoncé Snoop Dogg qu’on ne retrouve finalement pas. Plutôt que de faire un premier album dont les fondations reposaient plus des noms ronflants que sur ses propres épaules, KiD CuDi a pris la décision de la cohérence pour coller au fil directeur qu’il s’est obligé à suivre pour cet album quitte à ne pas avoir beaucoup de featurings ou de producteurs prestigieux. En effet on connaît peu les productions de Free School, Plain Pat (son dj et manager), Illifonics ou Ratatat qui sont les vrais révélations sur cet album. On est un peu plus habitué à Emile (son deuxième manager), Jeff Bhasker et bien sûr Kanye West. On sent bien à travers cette liste qu’il n’a pas été question de décoller au résultat artistique désiré pour ce projet malgré des opportunités alléchantes.

En ce qui concerne les thèmes abordés CuDi et son équipe n’ont pas décidé là encore de céder à la facilité. Pas de « boom in da club, shake ya ass » ou de « I miss you baby » à l’horizon. CuDi est un rappeur « à dimension humaine » pas un super gangster invincible qui satisfait dix femmes en même temps dans des draps Gucci sur mesure (bon je grossis le trait mais vous voyez bien ce que je veux dire). CuDi poursuit dans l’univers qu’il nous avait fait découvrir avec sa mixtape « A Kid Named Cudi » sortie en juillet 2008 et qui avait déjà marqué par son originalité dans les thèmes et le choix des instrumentaux. CuDi a voulu son album comme une histoire en plusieurs chapitres avec des rebondissements et des changements d’ambiances à travers chaque titre. Chaque morceau ponctue une nouvelle étape d’un rêve  dans lequel CuDi nous emmène dans une intro mélodieuse où il s’aide d’une voix lascive pour nous emmener entre rêve et réalité. Premier morceau conclu par Common qui va narrer toute la suite de l’album. « Soundtrack 2 My Life » fait office de seconde intro et est pour le moins autobiographique, puisqu’on y entend CuDi notamment aborder le décès de son père intervenu alors qu’il n’était encore qu’adolescent. Là encore il se pare d’un flow mélodieux pour osciller entre tristesse et bien-être  comme pour bien montrer la complexité de son personnage. Dans la même veine mais sur un ton plus grave on retrouve le morceau « Mr Solo Dolo » sur une production d’Emile rythmée par un violon qui rappelle fortement le sample de Bruno Coulais utilisé par Shurik’n pour « Samouraï ».  Un son que CuDi a voulu comme le moment angoissant de l’album avec cette production froide surplombée d’un refrain grave qui raisonne comme une voix venue du fond de la nuit. Toujours pour les morceaux personnels il faut aussi mettre en avant « My World » featuring Billy Cravens, où là encore sur une instrumentale très lente, CuDi pose de manière hypnotique pour lancer un refrain revanchard chanter encore une fois sur une tonalité plutôt grave. On termine ce registre enfin avec « Day ‘N’ Nite », le tube qui a propulsé KiD CuDi sur le devant de la scène. Si le remix des Crookers a fait bouger les dancefloors du monde entier, il ne faut pas oublier que le thème de cette chanson reste assez fataliste. CuDi l’a écrite à la suite de la mort de son oncle, chez qui il vivait lorsqu’il migra vers New York.  Son but fut de coucher sur papier puis en chanson tous ses soucis du moment.

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D’autres morceaux sont plus décalés ou tout simplement à prendre au second degré. Comme « Alive » produit par les révélations de cet album, le duo Ratatat qui a plutôt ses habitudes sur des rythmiques électro. Qualifié par certains de nouveaux Daft Punk (je ne les ai pas encore écouté assez pour savoir si on pouvait aller aussi loin), il livre ici une productions aux influences anglaises avec des vibrations des basses sur lesquelles CuDi se mue en loup-garou chassant les jeunes filles égarées dans la nuit. Les Ratatat qui produisent magnifiquement le morceau « Pursuit of Happiness » en featuring avec les icones électro-pop de New York, les MGMT. « Pursuit of Happiness » ou comment chercher son bonheur dans l’alcool pour CuDi qui malgré le thème léger de cette chanson semble y injecter quelques éléments autobiographiques sur les insomnies et terreurs nocturnes qu’il a éprouvé suite à la mort de son père. Autre substance, autre hommage à celle-ci, c’est l’herbe qui est consacrée dans le morceau « Hyyerr » en featuring avec son futur compère au sein du duo «The Almighty Glorius », Chip Tha Ripper qui est à l’origine de cette chanson signée du sceau musical de Cleveland. CuDi a d’ailleurs déclaré vouloir en faire un remix avec les Bone Thugs-N-Harmony, le groupe phare de la ville, mais aussi Snoop Dogg. Dans une ambiance moins nuageuse on appréciera « Simple As… » rapide petite ballade chantée avec nonchalance par Cudder. Autre temps fort, « Enter Galactic » où sur un beat taillé pour les clubs, CuDi raconte un moment de connexion intense avec une jeune demoiselle avec qui il vient de gober des champignons hallucinogènes. Sa manière de faire une chanson pour la gente féminine est là encore un joli contrepied aux canons du genre qui penche plus dans les teintes usées du gangster lover auxquelles on ne croit plus trop. Enfin toujours dans cette veine du second degré on ne peut pas passer à côté du deuxième single de l’album « Make Her Say » originellement titrée « Poke Her Face » pour son sample tirée de la version acoustique du tube de Lady Gaga. Encore un coup gagnant pour Kanye West à la production et un dernier couplet de haut niveau pour Common qui abandonne le temps de quelques mesures son costume de narrateur de l’album.

Enfin on peut distinguer une dernière catégorie de chansons un peu moins introspectives ou décalées, qui s’adressent au plus grand nombre comme « Sky Might Fall » signée Kanye West à la production. Une chanson pour nous dire de ne pas lâcher dans les situations difficiles dans laquelle CuDi s’adapte parfaitement au beat de son boss, avec un refrain efficace et des couplets où il retient bien son débit pour ne pas se laisser emporter par la vitesse du beat. Dans le très bon « Heart of a Lion », c’est le courage qui est vanté avec encore un refrain simple mais excellent ! Enfin dans « Up, up and Away », CuDi sur se son qui sent bon les matins ensoleillés Ricoré, tente de prendre les choses avec détachement sachant pertinemment que les haters continueront de parler malgré tout. Common sur une production digne d'une bande-annonce du prochain Terminator, conclue alors l’album et annonce d’ores et déjà le prochain opus de la trilogie Man on the Moon, dont le nouveau tome portera le nom de « The Ghost vs The Machine ». Peut-être même entièrement produit par Ratatat avec qui CuDi a fait part de son envie de collaborer sur un album entier. En attendant place à la télé et au tournage de la série « How To Make It in America » en décembre pour HBO.

Man on the Moon : The End of Day, est donc vraiment l’album auquel CuDi nous avait préparé à travers toutes ses annonces sur son blog ou au travers des interviews parues sur le net ces derniers mois. A la fois autobiographique et décalé, CuDi a livré un excellent premier album truffé de refrains simples et tenaces ajoutés à des couplets où il a pausé son flow désarticulé et chantonné à foison. Pour l’instant un des meilleurs albums des rookies que nous vous avions présentés avec Sagittarius en fin d’année 2008. A CuDi maintenant de savoir gérer son nouveau statut et de confirmer pour son prochain opus.

Peace


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