Magazine Beaux Arts

La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau

Publié le 25 septembre 2009 par Magdala
(avec le soutien de la société Action d¹Eclat)
Quarante ans de figuratif

Parmi les expositions de cet été méritant un détour, il y avait certainement, à l¹Espace culturel François Mitterrand de Périgueux, " De la couleur au trait ", titre un peu passe-partout qui était heureusement complété par un sous-titre indiquant une ambition : " 40 ans de figuratif ". Figuratif, donc, et non pas " Figuration " qui aurait pu laisser croire que les commissaires, Michel Garcia-Luna et Marie-Christine Janos, se limitaient aux habituelles " Nouvelle figuration " et " Figuration libre " qui ont animé la scène artistique française dans les années 70 et 80 du siècle dernier. C¹est ainsi que l¹on découvrait avec plaisir, à côté de quelques unes des vedettes historiques de ces deux mouvements, un grand tableau de Dominique Fury, initiatrice du Nouveau Pop. Sa " Madone aux corbeaux " (2002) à la fois rigoureusement composée et formidablement libre, introduisant des participations d¹amis graffitistes (Hondo et Alberto Verano dit Chanoir) démontrait la vivante actualité d¹une peinture débarrassée de toute contrainte, recourant avec aisance au report photographique (Fury est depuis longtemps une virtuose des techniques dites mixtes dont elle a inventé plusieurs variantes). Un autre franc-tireur, Kriki, avait lui aussi envoyé un grand format plein de verve, " Le Krikitosaute " (1990). Dans le double registre de l¹humour et de la virtuosité graphique, le Kriki dépassait de très loin les tartines sans grâce et sans invention de Combas et Di Rosa qui semblaient se parodier eux-mêmes. La présence de vrais jeunes (nés après 1970) était rafraîchissante : Fabien Verschaere, Taling, Kosta Kulundzic, Damien Deroubaix, Joseph Camara et Rebecca Bournigault apportaient des éléments de nouveauté, dans des registres très différents, qui prouvaient l¹actualité de la peinture figurative chez les jeunes contemporains. Pour les anciens, une question se posait : pourquoi les représenter avec un seul tableau, les uns par une pièce ancienne, les autres par une pièce récente ? Puisque le propos était de couvrir une période de quarante ans, était-il vraiment impossible de montrer pour chacun des ¦uvres du début et de la fin ? C¹est ainsi que Peter Klasen, né en 1935, était représenté par une toile de 1968, et Vladimir Velickovic, né la même année, par un dessin (magnifique d¹ailleurs) de 2001. Que fallait-il en conclure ? Que Velickovic ne faisait rien d¹intéressant il y a quarante ans et que Klasen ne produit rien de bon au XXIe siècle ? Si c¹est l¹opinion des commissaires, qui auraient voulu démontrer quelque chose de ce genre, alors qu¹ils le disent clairement dans le catalogue ! En résumé, une exposition fort intéressante, pleine de promesses, mais pas toutes tenues.
J.-L. C.

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