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Démineurs : un film sur l'héroïsme contemporain et la masculinité aujourd'hui

Publié le 27 septembre 2009 par Theatrum Belli @TheatrumBelli

D'emblée, on est plongé au cœur de l'action. Un petit robot télécommandé évolue avec maladresse sur un terrain accidenté. Son objectif : désarmer une bombe artisanale irakienne, enfouie sous un tas de détritus, en plein Bagdad. Des soldats américains suivent, avec une angoisse mal contenue, les progrès de l'engin aux articulations mécaniques. On croirait Rocky, le Sojourner de la mission Pathfinder, découvrant le sol martien.

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Cette séquence d'introduction de Démineurs, magistrale, tendue, viscérale, signe le retour en forme d'une réalisatrice de légende : Kathryn Bigelow. À la fin des années 1980, avec Les Frontières de l'aube, Point Break, Extrême limite, Blue Steel, ou Strange Days, l'ex-femme de James Cameron s'était bâtie une filmographie solide et musclée. Mais l'accablant K19, le piège des profondeurs, en 2002, l'avait éloignée des plateaux de tournage hollywoodiens. Des pubs avaient fait son ordinaire jusqu'à ce qu'elle lise les reportages de Mark Boal sur le quotidien des soldats engagés volontaires dans le conflit Irakien, parus dans Playboy.

Papesse du cinéma viril des années 1990, Kathryn Bigelow flaire le bon sujet. « En tant que cinéaste, on cherche toujours une histoire qui vous aille comme un gant, raconte-t-elle. En lisant les reportages de Mark, je me suis immédiatement dit que je tenais quelque chose d'inédit. Dès le premier contact avec lui, il m'a raconté le quotidien des soldats d'une unité de déminage à Bagdad. Je lui ai dit : "Banco ! Écris-le !" En lisant le script, j'ai su que j'avais trouvé du matériel riche. J'en avais les mains tremblantes. C'était surtout l'occasion de faire découvrir un aspect inconnu, jamais vu, de la guerre en Irak, à travers les yeux d'un soldat engagé volontaire.»

Avec une force de conviction rarement atteinte au cinéma dans les films de guerre de ces dernières années, le film de Bigelow (au budget modeste de 12 millions de dollars) immerge directement les spectateurs dans le conflit irakien. À 57 ans, la réalisatrice met en place une intrigue à la fois simple et complexe, qui tient autant du blockbuster documentaire que du cinéma de la sensation. Sa caméra téméraire suit le sergent-chef James (formidable Jeremy Renner), véritable tête brûlée, spécialiste de déminage chargé d'assurer la sécurité des soldats américains basés à Bagdad.

« On prend rapidement conscience que le but de ces hommes est de survivre au jour le jour », précise Bigelow. Il n'empêche, le fait qu'ils soient tous des engagés volontaires suppose une psychologie singulière. Et plus spécifiquement dans les équipes de déminage, dont le boulot semble être le plus dangereux du monde. « Un type comme le sergent James est un héros étrange, reconnaît-elle. Il est "accro" à l'adrénaline et à la guerre. Mon film pose le problème de cette singulière attirance pour le combat. Et quelque part, Démineurs est une étude sur l'héroïsme contemporain et la masculinité aujourd'hui. Le héros de Démineurs, chirurgien de l'extrême, ne se sent vivant qu'au plus fort du combat, lorsqu'il doit supporter une pression incroyable avec le sang-froid d'un Sherlock Holmes déterminé à trouver la clef de l'énigme qui désamorcera l'engin qu'il manipule. En cela, il frôle quasiment la folie...»

Source du texte : FIGARO.FR


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