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Embuscades au Louvre : les Souffleurs, commandos poétiques

Publié le 27 septembre 2009 par Gabrielsiven
Embuscades au Louvre : les Souffleurs, commandos poétiques
Vingt-cinq souffleurs vêtus de noir surgissent discrètement dans la cour Marly ou Puget, ouvrent en choeur leur grand parapluie, aussi silencieusement qu’ils sont apparus. Cela marque le début d’une bien curieuse représentation. Munis d’un éventail noir et d’un long tube en carton et fibres de verre, le rossignol, les souffleurs se glissent alors entre les sculptures pour surprendre les visiteurs et leur chuchoter des poèmes. Assis sur un banc ou une marche, l’oreille collée au rossignol, ces derniers se retrouvent brusquement coupés du monde, suspendus à une voix inconnue qui murmure des textes sur la lumière, des jardins, des fenêtres… Une voix qu’on écoute sans pouvoir la voir, à l’autre bout du rossignol, et qui assourdit les bruits du musée. Dans ce temps suspendu ne subsistent que les sculptures et les jeux du soleil se couchant sur les arcades.
Embuscades au Louvre : les Souffleurs, commandos poétiques
À la fin de son « embuscade » le souffleur déplie d’un coup sec son éventail comme s’il marquait la fin d’une séance d’hypnose. De ces secrets murmurés au creux de l’oreille, rien n’a été divulgué à l’avance, pas même aux organisateurs du musée. Ravissement sans violence des visiteurs surpris, ces « embuscades » touchent à l’intime. Une éphémère relation se noue entre le souffleur et le visiteur à qui il chuchote un secret à l’oreille, comme une amie ou un amant. Au lieu d’être un obstacle, le rossignol rend curieusement la voix plus proche, plus présente. L’envie mêlée d’appréhension que le visiteur sent fugitivement monter en lui tandis que le souffleur le prend par le bras pour le guider jusqu’à un banc rappelle celle d’un premier rendez-vous, celle d’un enfant qui déballe un paquet surprise ou encore celle que créerait une apparition. Car ces souffleurs noirs au milieu des sculptures de marbre blanc, la bouche pleine d’étranges paroles, ne semblent pas respirer le même air que nous, ni vivre sous la même lumière.
Embuscades au Louvre : les Souffleurs, commandos poétiques
Ces « commandos poétiques », comme ils se présentent, procèderont à une nouvelle « tentative de ralentissement du monde » vendredi 2 octobre dans l’aile Richelieu du musée du Louvre, à partir de 19h (entrée gratuite avec le billet du musée).
Pour vous faire patienter jusque-là, je les laisserai définir eux-mêmes leur démarche :
« Les Souffleurs s’inscrivent dans l’évidence du clignotement général du monde,
usent de la nécessité du droit d’irruption poétique
et pratiquent l’art contre le divertissement,
l’essentiel contre le stratégique
et le jubilatoire contre le conventionnel. »
Et merci à Lorenzo pour les crobards...

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