Magazine Beaux Arts

Mirela Popa, Crucifixion à l’envers

Publié le 16 octobre 2007 par Marc Lenot

à la galerie Artegalore jusqu’au 17 Novembre.

Dans cette nouvelle galerie, le jour de l’Aïd à Belleville, je découvre cette jeune photographe d’origine roumaine, qui revisite son passé. Enfant, Mirela Popa fit partie de l’équipe nationale de gymnastique; elle nous montre ici de jeunes gymnastes dans sa ville natale (Répétition sans fin, 1999). Leurs corps souffrent, se contorsionnent, se tordent, adoptent des postures obligées, exagérées. Leurs corps sont au service d’une cause, autrefois d’une idéologie nationaliste, aujourd’hui d’un espoir occidental. Le corps est instrumentalisé, mécanisé; de sensible et intime, il devient politique et public. Mirela Popa retrouve certaines des problématiques de Doa Aly dans cette exploration de la domination du corps féminin par le pouvoir, par la société. La posture centrale se nomme Crucifixion à l’envers… C’est sa propre vie qu’elle nous raconte, ici à côté d’une de ses photos, N°10. L’équipe de réserve 7 +3, 1999, représentant une jeune gymnaste posant dans un équilibre délicat et douloureux. Ces photos sont prises dans le couloir d’attente de la salle de gym, à laquelle les parents n’ont pas accès. Corps meurtris, corps cachés. Ces photos, grandeur nature, frontales, face à nous, en deviennent obsédantes. Présentant des barres asymétriques, elle les nomme “Machine de torture à volonté”.

Elle expose aussi des photos d’immeubles d’habitation glauques qui évoquent immanquablement le film 4 mois, 3 semaines et 2 jours, et des photos claires et gaies de tapis lavés dans le Danube, séchant sur ses rives. A cheval entre ses deux pays, entre son enfance douloureuse et sa vie d’artiste adulte, elle navigue entre deux mondes, elle oscille à la recherche d’une improbable cohérence. Ses photos du Palais de Ceaucescu, la Maison du Peuple de Bucarest, 2005 sont froides et terrifiantes; celle-ci, au tapis rouge envahissant tout le champ visuel, a été, parait-il, prise à la dérobée. Elle n’en est que plus inquiétante.

Très beau petit livre sur l’ensemble de son travail, préfacé par Paul Ardenne.


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