AVERTISSEMENT : Avant de lire ce qui va suivre, je vous conseille de rester à portée de main d'un puissant désinfectant et d'une grande quantité d'eau. Exposé aux méfaits du personnage dont il sera question dans ce post, vos yeux pourraient en effet se mettre à brûler, voire à saigner.
Tucker Max. Il est très probable que vous n'ayez jamais entendu ce nom de votre vie et cela fait de vous quelqu'un de très chanceux. Des millions d'Américains ne peuvent pas en dire autant. Ces sept dernières années, ils ont du en effet se coltiner l'ascension médiatique de ce type qui a fait de sa nature profonde son fond de commerce.
Max a beau être diplômé d'une des facs de droit les plus prestigieuses du pays, ce n'est pas ces talents d'orateur à la barre des tribunaux qui lui ont valu sa "renommée". C'est par le biais de son blog (ouvert en 2002) qu'il commence à attirer l'attention. Qu'est ce qu'il y raconte ? Ses nuits de débauche, des blagues vulgaires sur les handicapés et autres moqueries misogynes sur les filles qu'il s'est (prétendument) tapé.
Avec son attitude complètement décomplexé et un goût certain de la provocation, le type fait jaser et il se voit offrir un gros chèque par un éditeur pour l'adapter en livre. Il en tirera I HOPE THEY SERVE BEER IN HELL qui est un bestseller instantané (70 000 copies la première année !).
Le sexe, la vulgarité et les crasses en tous genres font recette. Tucker Max en est l'emblème. Mais à l'époque, le type pouvait encore apparaître comme l'incarnation "second degré" du pire de l'arrogance et de la vulgarité "à l'Américaine". Si l'expression "Douchebag" est revenu à la mode ces dernières années, il est bien possible que Max en soit un peu la cause, tant le terme lui correspond à merveille. Vous savez, une version "live" de l'archétype du bourrin des teen movies, le Stifler de la génération 2.0.
En gros, vous pouviez encore vous dire que Max était un petit opportuniste prêt à payer de sa personne et que lire sa prose était finalement assez semblable à regarder le VERY BAD TRIP de Todd Philipps, jubilant devant un bonne dose de blagues de potaches politiquement incorrects...
C'est d'ailleurs peut-être ce qui amena le réalisateur Richard Kelly (DONNIE DARKO, SOUTHLAND TALES) à acheter les droits du bouquin pour en faire un film. On connaît la fascination de ce dernier pour la culture trash des médias américains et le lien thématique entre I HOPE THEY SERVE BEER IN HELL et des films comme DOMINO et SOUTHLAND TALES est assez évidente - même s'ils fonctionnent dans des genres totalement différents.
Sauf qu'on se rend rapidement compte en voyant la bande-annonce du dit film écrit par Tucker Max lui-même, qu'il n'a jamais été question de second degré, ni même de troisième et encore moins de quatrième degré.
(Si vous yeux ne se sont pas mis à saigner) Que voyez-vous dans ces images ? Vous voyez la version bas de gamme, ras du front de VERY BAD TRIP. C'est un peu comme si les responsables de ce film s'étaient faufilé dans les studios Warner, avaient dérobées les scènes coupées jugées trop mauvaises et en avaient fait un deuxième long-métrage ! Je crois que la critique de USA Today résume bien l'affaire : "Hell is too good for those associated with this movie."
Petite consolation, donc. Le film I HOPE THEY SERVE BEER IN HELL semble se diriger vers le bide intégral. Cela arrêtera-t-il Tucker Max dont le deuxième livre, ASSHOLES FINISH FIRST (WTF!) doit être publié en 2010 par le plus grand éditeur américain ? Apparemment non. Les enculés ont visiblement de beaux jours devant eux !