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Rentrée littéraire, BW de Lydie Salvayre

Par Mango
Rentrée littéraire, BW de Lydie Salvayre

Parce que BW,l’homme avec qui elle vit, le fondateur des éditions Verticales, est resté aveugle, pendant une quinzaine de jours, en attendant les résultats de son opération des yeux, Lydie Salvayre l’écoute, le laisse parler de son passé,recueille ses mots, ses humeurs du jour et restitue le tout dans ce texte inclassable. Ce n’est ni un roman, ni une autofiction, ni un recueil de souvenirs, un peu de tout ça sans doute mais j’y ai vu surtout un grand cri d’amour d’une femme aimante, patiente, douée pour l’écriture. C’est un hommage aussi à la vie à deux, au compagnonnage avec un être difficile certainement car toujours en colère, un écorché vif, toujours prêt à rompre et à partir, en recherche constante de la difficulté. Il abandonne tous les honneurs, il fuit devant le succès, il s’arrête quand il sait qu’il va gagner. Excellent athlète, il renonce aux jeux olympiques de Mexico. Il préfère tout abandonner pour partir seulle plus loin possible dans des endroits d’Asie de fin du monde. Plus tard, il renonce auxéditions qu’il a créées.

C’est ce qu’annonce d’emblée les premières lignes :

«Je pars.

Toujours il dit Je pars, je me tire.

Il aime le mouvement de partir. Il se fout de l’endroit à atteindre, ce qu’il aime, c’est partir, c’est déclarer qu’il part. Il dit qu’il va écrire un jour, l’éloge de la fuite.

BW est un guerrier. Plus tard je dirai en quoi.

BW est un tendre.

Il pleure la mort de Fausto le chat.
Encore aujourd’hui, il pleure sa mort.

Il a des chagrins lents et des joies foudroyantes »

Cet homme est de tous les grands voyages d’aujourd’hui, Inde, Himalaya, Pakistan, de tous les lieux de guerre aussi, Irlande, Afghanistan, Liban. Il en revient le corps plein de traces, d’inscriptions, de signesqui ne sont pas des tatouages, avec «une peau douée d’écriture».

Derniers mots du livre, comme il se doit : « Et si on y allait ? »

Un livre qui m’a surprise et intéressée aussi, parce que j’aime la dévotion ironique de cette femme amoureuse qui écrit au plus près des paroles de son amour, parce que BW, né en 1946, est aussi un témoin de sa génération et les événements historiques comme les tentations politiques des soixante dernières années revivent avec lui.

J’ai lu beaucoup de bonnes critiques sur ce livre. Quant aux blogs que je fréquente, Georgesand a bien aimé mais esmeraldae pas du tout.

Rentrée littéraire, Bw de Lydie Salvayre ( Seuil, août 2009, 206 pages)


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