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Un démon sans intérêt...

Publié le 02 octobre 2009 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre
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Cinq ans après la seconde guerre mondiale, les retrouvailles en Allemagne entre le philosophe Heidegger, devenu national-socialiste pendant la guerre, et l'une de ses anciennes élèves et maîtresses, Hannah Harendt, juive exilée aux Etats-Unis. Un face à face entre deux ex-amants qui aurait pu s'avérer intéressant, fort, poignant, mais qui fait totalement flop...

L'auteur, Antoine Rault, est le grand responsable de cet échec. Pourquoi ? Parce-que celui qui a déjà commis "Le Caiman", "Le Diable Rouge" ou encore le dégoulinant "La Vie Sinon Rien", est très certainement un intellectuel, un littéraire (passé par Sciences Po il fut par ailleurs dans l'ombre de nombreux politiques lors d'une première partie de carrière), mais pas du tout un auteur dramatique ! L'écriture est lourde, trop appliquée, scolaire, laborieuse, prétentieuse, pas naturelle, cherchant absolument à intégrer un savoir, une vérité historique, mais passe totalement à côté de la vie, des enjeux, des tensions entre les personnages. Les dialogues ne font pas mouche, la montée dramatique est inexistante. Rault dilue cette rencontre en adjoignant au face à face un très (trop) long prologue nous présentant les deux personnages dans leurs foyers respectifs aux côtés de leurs conjoints (inutile et sans intérêt)  ainsi qu'une scène finale ridicule dans laquelle l'épouse d'Heidegger débarque "à la Feydeau", criant "Ciel mon mari!"... Affligeant.

Voici pour le texte...Les comédiens, maintenant :

On passera rapidement sur la fausseté du jeu  de Jean-Marie Galey (mari d'Hannah Harendt), peu aidé par une partition réduite portion congrue, et sur ce que l'on pourrait également qualifier d'"aimable participation" de Josiane Stoléru (épouse d'Heidegger) pour s'attarder sur les deux rôles principaux tenus par Elsa Zylberstein et Didier Flamand. Si ce dernier est juste, indéniablement, bien qu'un peu raide, et manquant malgré tout de nuance , passant deux heures les yeux exorbités... La charmante Elsa souffre à l'évidence d'une carence de planches ! On ne remettra pas en cause un certain talent et une véritable présence, mais la voix est irrégulière, tantôt belle et claire, tantôt carrément "marchande de poisson", la démarche confuse, et, l'on n'arrive pas à savoir si cela fait partie du personnage ou non, toujours est-il qu'elle se gratte (un coup la perruque, un coup le bas, un coup le corsage...) beaucoup... Et je ne veux pas croire que son "démon" en soit cause...

Enfin, Michel Fagadau  a proprement posé le texte sur scène mais a eu la mauvaise idée de demander à son scénographe de créer, pour la première partie, deux cubes symbolisant les deux appartements (Etats-Unis d'un côté, Allemagne de l'autre) dans lesquels les comédiens sont contraints de rester et de se mouvoir au minimum tant l'espace est réduit. Ils se marchent quasiment dessus. Le public, quant à lui, voit son champ de vision nettement diminué par ces deux blocs. C'est dommage.

Bref, si vous prenez la direction de la Comédie Des Champs Elysées, arrêtez-vous plutôt au Studio, étage du dessus, afin d'applaudir "Les Insatiables" (critique sur ce blog), car non, hier soir, définitivement non, la soirée ne fut pas très bonne...




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