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Le 600e. Le bonheur par surprise

Publié le 02 octobre 2009 par Jcgbb

Il est difficile de ne pas projeter son bonheur, de ne pas se représenter l’idéal qui rendrait heureux, de ne pas s’imaginer comment vivre mieux — et c’est peut-être là le malheur de l’homme. La prédétermination de ce qui est bon rend malheureux, l’indifférence à son sujet tranquille.

Tel est l’un des paradoxes de la philosophie sceptique. Le doute n’est pas facteur d’inquiétude mais de quiétude. L’incertitude peut conduire non à l’instabilité mais à la sérénité. L’insécurité théorique engendre une forme de stabilité pratique. Les sceptiques remarquent à l’inverse que ce sont les certitudes qui jettent dans le trouble, les espoirs fixes et les attentes précises. Ce n’est pas le fait d’ignorer qui rend inquiet, mais de croire en quoi le bonheur consiste.

Les jugements des hommes sur leur bien les rend malheureux, leur détermination figée, leur crispation entêtée. Car ils souffrent autant de l’avoir que de ne pas l’avoir. Soit ils échouent à l’obtenir et s’empêchent, du fait de cette conception fixe, d’être heureux autrement. Soit ils y parviennent, mais s’empêchent d’y goûter en pensant à sa fragilité, à sa précarité.

La conscience du bien l’empoisonne. Il y a une manière de l’attendre qui le détruit lorsqu’il vient. L’esprit, alors, est plus occupé de la pensée de le perdre, ou qu’il passe, que de celle d’en jouir et de s’en satisfaire. La prédétermination d’un bien en rend la présence presque angoissante, préoccupante et l’occulte fréquemment.

C’est en renonçant à le comprendre que le bonheur se rencontre peut-être, fortuitement.


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