Évidemment, on l'attendait : le PEN American Center vient de publier une lettre interpellant le secrétaire d'État Clinton et celui de la sécurité intérieure, Napolitano, pour leur demander instamment de réexaminer la position américaine concernant l'éditeur allemand Karl-Dietrich Wolff. Ce dernier s'était rendu dernièrement aux États-Unis et avait été accueilli à la douane par un retour immédiat dans ses pénates.
Pour le PEN, cette attitude envoie « un message erroné sur l'engagement de notre pays à l'égard du premier amendement », celui portant évidemment sur la liberté d'expression.
Alors qu'il était invité à prendre part à des colloques, Wolff s'est fait expulser - même pas : il n'a pas franchi la douane US - après avoir subi 6 heures d'interrogatoire, de photographies (sans dédicaces) et de fichage, empreintes digitales en premier.
S'il est réputé pour sa maison Stroemfeld, Wolff serait aussi connu pour un passé d'étudiant militant ; on garde également de lui un souvenir pour sa prise de position solidaire avec les défenseurs des droits civiques aux USA, et son interdiction de séjour entre 1696 et 1987. Depuis cette date, il s'est rendu au moins à trois reprises sur le territoire étatsunien.
Un incident aujourd'hui « franchement embarrassant », estime Larry Siems, directeur du programme PEN Freedom to Write and International. D'autant plus que les États-Unis avaient abandonné cette pratique de proscription lancée contre les intellectuels depuis les années 90, à raison, souligne-t-il et que seuls les attentats du 11 septembre avaient ressuscité ces méthodes.
« Nous exhortons le gouvernement à agir rapidement pour examiner l'annulation du visa de M. Wolff et revenir sur une attitude qui tout à la fois porte atteinte à notre image sur le plan international et viole les droits des Américains à librement s'engager pour des idées. »