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Entretien avec Gilles Munier, troisième partie

Par Anom Yme

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Je joue cartes sur table, celle de mes convictions"
-Partie 3 : pour aller (encore) plus loin-
« Les espions de l'or noir » est dédicacé « Aux victimes innombrables de la soif pétrolière de l'impérialisme occidental, au Proche-Orient et dans les pays du Caucase. » Deux questions se posent instinctivement à la lecture : primo, ne sortez-vous pas, dès la dédicace, du rôle d'analyste voire de chercheur que vous prenez tout au long de l'ouvrage, pour enfiler l'habit du militant ? Deuxio, cette dédicace aurait tout autant pu se placer en guise de conclusion. Après tout, n'est-ce pas le plus bref résumé possible, partisan certes, de votre recherche ?

Entretien avec Gilles Munier, troisième partie
Faire œuvre d’analyste et de chercheur n’oblige pas à mettre ses idées dans sa poche. D’ailleurs qu’est le plus souvent l’histoire, sinon la relation plus ou moins partisane d’évènements. Les historiens français, allemands, britanniques, n’interprètent pas de la même façon les événements du passé. Les livres anglais sur l’Intelligence Service et les mémoires d’agents secrets de Sa Majesté, par exemple, sont peu diserts sur leurs crimes, leurs échecs, ou les malheurs causés aux peuples agressés. Les vainqueurs se donnent toujours le beau rôle, même si cela n’a qu’un temps. Le mensonge par omission, l’hypocrisie, le parti pris politique suent partout. Je suis foncièrement anti-colonialiste. Je joue cartes sur table, celle de mes convictions. Effectivement, ma dédicace résume bien mon livre. Les ouvrages dits objectifs sont très souvent insidieusement partisans, mais de l’autre bord !


Il se murmure que, venant de récupérer votre passeport, vous vous mettiez en tâche de continuer vos recherches. Est-ce fondé ? Et si oui, sur quoi portera votre prochain ouvrage ?

Entretien avec Gilles Munier, troisième partie
Mis en examen dans l’Affaire « Pétrole contre nourriture », on m’a retiré mon passeport et interdit de voyager à l’étranger, y compris dans l’espace Schengen. Cette interdiction a été maintenue pendant 4 ans pour des raisons politiques alors que la vingtaine d’autres personnes impliquées dans ce « scandale », fabriqué par la CIA, ont très vite retrouvé leur liberté de circuler. Depuis 2004, j’ai dû abandonner deux projets de livres, faute de pouvoir aller en Syrie et au Liban. En écrivant, en mai, au Procureur de la République de Paris pour lui demander de me rendre mon passeport afin de donner une suite aux « Espions de l’or noir », je pensais essuyer un nouveau refus. J’avais en chantier un récit de voyage dans le nord de l’Irak. Je vais le terminer. Ensuite, je verrai. Mais, j’ai déjà amassé de la documentation et pris des contacts dans la perspective d’un tome 2 consacré à l’espionnage en Méditerranée et au Proche-Orient, après la Seconde guerre mondiale.

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"Les espions de l'or noir" (Koutoubia) de Gilles Munier / 316 p.
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L'entretien avec Gilles Munier se clôture déjà, après trois semaines de publications successives. Les lecteurs de Comprendre ce là-bas peuvent lire ou relire la première partie de l'entretien, consacrée au livre, ainsi que la deuxième, consacrée aux grands espions qu'étaient St John Philby et Lawrence d'Arabie.
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A voir également en ligne :
Le site des « Espions de l’or noir » / Le blog de Gilles Munier


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