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La vie commence ~ Stefan Casta

Publié le 08 octobre 2009 par Clarabel

Editions Thierry Magnier, coll. Grands Romans, 2009 - 330 pages - 17€
(achevé d'imprimer sur un air d'opéra)
traduit du suédois par Agneta Segol

la_vie_commence
Finies les émotions fortes, voici un roman qui se déguste à petites lampées. Il ne s'y passe pas grand-chose, l'histoire se raconte à pas de loup, ou de velours. C'est feutré, silencieux. Le charme est pourtant fou, présent, partout. C'est un bonheur à lire, prendre son temps, savourer l'instant, se poser quelques questions, et puis ne pas s'en soucier si les révélations ne nous éclaboussent pas. C'est tout de même précieux de croiser un tel roman !
L'éditeur nous prévient : Comment peut-on aimer à ce point un gros roman qui avance lentement, qui ne raconte pas tant de choses, et que pourtant on ne peut lâcher ?
La question se pose, la réponse nous vient sur le bout des lèvres... le talent, ça ne se discute pas. L'émotion, l'instant, la rencontre, l'intime conviction d'être à l'écoute, de savoir que ce livre-là vous parle à vous, rien qu'à vous. Le reste importe peu.
J'en ai donc traversé des tempêtes de sensations ces jours derniers, le fait de me plonger dans cette atmosphère plus singulière n'a pas été pour me déplaire. Nous sommes en Suède, dans un coin perdu, une impasse avec pour seule indication un panneau où est inscrit Moon.
Préparez-vous d'ailleurs à un alunissage de toute beauté... Les premières phrases se posent, devant nos yeux, elles nous annoncent l'élégance et la pureté de ce qui va suivre.
« Le soir où elle, Esmeralda, est arrivée, tout a changé. Ç'a été le déclenchement d'une période bouleversante dont la fin a été surprenante. Surtout pour moi. Je me rappelle avoir pensé que tout ça, c'était peut-être décidé d'avance. Qu'il était écrit qu'elle mettrait notre existence tranquille sens dessus dessous. Et que c'est pour moi qu'elle avait été envoyée. »
Dans une ferme où vivent Brigitte, une ancienne cantatrice devenue handicapée, et Gustavo, qui est d'origine italienne, séjourne Victor, un étudiant en philosophie, relié au reste du monde par un ordinateur et internet. Un jour, il voit surgir une demoiselle blonde avec les cheveux en pétard et un air à moitié farouche. Elle dit se prénommer Esmeralda Alice Caroline (selon ses humeurs) et doit se rendre chez un voisin mais préfère s'arrêter chez Brigitte et Gustavo où elle est convaincue avoir été envoyée pour Victor, notre jeune homme contemplatif et rêveur, qui se braque de quitter son cocon pour découvrir le monde, à commencer par la ville où il pourrait suivre ses études supérieures.
Il en faut des pages et des pages de silence et d'apprivoisement, de gestes du quotidien, de saisons qui passent et des animaux qui vont et viennent, entre un chien qui comprend quand on lui parle et des oiseaux qui s'approchent exprès pour manger et chanter.
C'est un roman mystérieux, par la séduction qu'il dégage et la faculté de vous accrocher à son rythme, sensible et touchant, un roman gracieux, admirablement écrit et traduit.
J'ai, évidemment, beaucoup aimé.


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