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Notes sur la poésie : Paul Eluard

Par Florence Trocmé

Les images sont, les images vivent et tout devient image. On les a longtemps prises pour des illusions, car on les limitait, car on les soumettait à l’épreuve de la réalité, d’une réalité insensible et morte, au lieu de soumettre cette réalité à l’épreuve de l’interdépendance qui est la sienne, qui la rend vivante, active, en perpétuel mouvement.
Rien n’est incompréhensible. Tout est comparable à tout, tout trouve son écho, sa raison, sa ressemblance, son opposition, son devenir partout. Et ce devenir est infini.

La poésie enfante souvent sa plus grande ennemie, la poétisation. Rien de plus affreux qu’un poème poétisé, où les mots s’ajoutent aux mots, pour détruire l’effet de surprise, pour atténuer l’audace de la simplicité, la vision crue d’une réalité inspirante et inspirée, élémentaire.

Paul Éluard, Le Poète et son ombre, Proses 1928-1952, Seghers, 1963, p.75-76 et p. 105.

Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré. Les poèmes ont toujours de grandes marges blanches, de grandes marges de silence où la mémoire ardente se consume pour recréer un délire sans passé. Leur principale qualité est non pas d’évoquer, mais d’inspirer. Tant de poèmes d’amour sans objet réuniront, un beau jour, des amants. On rêve sur un poème comme on rêve sur un être.

Paul Éluard, Donner à voir, Poésie/Gallimard, 1978 (1938), p.77.

contribution de Tristan Hordé

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