Elle ne retrouvera sa trace qu'en entrant par effraction chez sa mère : drogué et incapable de bouger, elle doit l'abandonner, mais se promet de revenir. À la seconde visite, ce sont les chiens de son patron qui l'accueilleront. Mais au fil de son enquête, une vérité tragique va lui être dévoilée : Antoine aime les hommes. Et l'époque n'est guère encline à supporter ce type de déviances : pour soigner ce genre de maux, on a tendance à opérer. Un inverti dans une famille bourgeoise, ça ne fait pas vraiment bon genre.
Entre satire des moeurs et plongée dans le monde de la nuit et des maisons closes, ce nouveau tome met un terme au diptyque attaqué avec Le Prince charmant, et poursuit cette remontée dans le temps des années 30. Le dessin de Kerascoët fait toujours merveille, rien à dire de ce côté-là : sans chercher de réalisme idiot dans un tel univers, il déforme ses personnages, les tord, les fait onduler, on croirait presque retrouver parfois Le Cri d'Edvard Munch.
Quant à la couleur d'Hubert, elle est splendide, toujours dans les teintes du tableau de l'artiste norvégien - on se pose des questions tout de même. On appréciera tout particulièrement la robe de chambre de la mère de Blanche, sur fond de toit parisien bien gris (p.8), ou encore les jeux oniriques qui ouvrent des portes à des mondes de rêves si simples et touchants. Voire même un appel direct à Van Gogh (p.36) avec des lumières rappelant les tableaux du peintre.
Le scénario est quant à lui bien ficelé : toute cette affaire de drogue, de disparition, de relation mère-fille ou encore celles de l'épouse du tenancier - plus annexe, mais tout aussi douloureuse... Blanche cède à l'appel de l'époque et de son amour, approuvant une improbable opération qui rend hétéro, si typique d'un contexte historique entre exubérance et pudibonderie.
En fait, un tome à ne pas rater, véritable petite perle.
Miss pas touche, 4. Jusqu'à ce que la mort nous sépare, publié chez Dargaud (Poisson Pilote), par Huber et Kerascoët, pour 10,40 €. Plus d'extraits, à cette adresse.