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Rapport Stiglitz, what next ?

Publié le 12 octobre 2009 par Jblully

Rapport Stiglitz, what next ?En septembre dernier, alors que l’on s’apprêtait à commérer le triste anniversaire de la faillite de Lehman Brothers, la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social mandatée par le Président de la République et dirigée par Joseph E. Stiglitz plaidait pour l’intégration de la qualité de la vie dans le calcul du PIB. N’est-ce pas là un élément symptomatique d’un rééquilibrage du capitalisme entre « profit and care » ? La mise en exergue des contradictions actuelles existant entre « production », « environnement » et « défi social » ? Après les dérapages qui ont conduit à la crise, le capitalisme se cherche une nouvelle vertu en se grimant de bons sentiments ; l’éthique redevient à la mode. N’est-ce pas finalement vers un repositionnement de l’homme dans l’économie qu’il faut tendre ?

Un fondamental : l’homme au cœur de l’économie

Il peut être utile de rappeler à l’Européen moyen que s’il s’appauvrit au profit de la Chine, il bénéficie d’une meilleure qualité de vie et de libertés démocratiques. De la même façon, il peut être utile de rappeler aux nouveaux chômeurs, qui s’épouvantent face aux rémunérations exorbitantes de certains chefs d’entreprise, que « l’argent ne fait pas le bonheur ».

Au-delà de l’intérêt démagogique, le recadrage de l’homme au cœur de l’économie est une nécessité économique. Innovation et pouvoir ne font plus qu’un ; la compétition internationale est largement technologique. Or, la capacité innovante d’un pays ou d’une entreprise passe par les hommes. C’est en s’assurant la créativité de ses nationaux et l’attractivité des talents que l’on s’assure les marchés. Avant d’être une question de rémunération, de formation ou de process internes à l’entreprise, c’est une question d’ambition collective. Espérons que l’Europe, qui doit repenser sa compétitivité dans le cadre de sa Stratégie de Lisbonne, accorde au capital humain une large place dans ses nouvelles orientations.

Le retour de « l’individu » dans l’entreprise

Le capital humain est créateur de valeurs pour l’entreprise et participe à sa performance. La bonne intégration des salariés dans l’entreprise favorise les projets innovants, là où, au contraire, les conflits sociaux les inhibent. Quelques grandes entreprises en ont pris conscience et développent des campus (crèches, lieux de détente, etc.) pour agrémenter la qualité de vie de leurs salariés. S’intéresser à l’épanouissement des salariés a des répercussions sur l’innovation de l’entreprise, sa réussite économique ainsi que sur son image. Certaines entreprises l’apprennent à leurs dépens, comme France Télécom…

Depuis peu, on assiste à une mouvance qui tend à repositionner l’individu en tant que tel dans le paysage de l’entreprise.

La gouvernance d’entreprise, par exemple, s’est toujours intéressée à la composition des conseils d’administrateurs en termes de compétences, elle se penche désormais sur le genre des administrateurs en prônant la présence des femmes[1]. L’analyse du fonctionnement de l’entreprise ne s’intéresse plus aux seuls organes collectifs, le curseur est plus précis.

De la même manière, les débats sur les rémunérations ont abouti à des recommandations visant à prendre en compte des critères non-financiers de performance, ouvrant la voie à des grilles d’évaluation individuelle pouvant déterminer les capacités de leadership, ou d’innovation d’une personne.

Plus encore, on assiste désormais à l’émergence en Europe de la People Governance, qui vise « la mise en place de règles et de comportements éthiques menant à l’intégration des questions d’ordre humain à tous les stades du processus de décision des organes décisionnaires de l’entreprise »

Si ce concept va faire les « choux gras » des cabinets de ressources humaines et de pratiques managériales, il répond à une attente ; au besoin de transparence externe vis-à-vis des actionnaires, s’ajoute désormais un besoin de lisibilité interne de l’entreprise. Au-delà de l’affectio societatis des actionnaires, il a désormais une demande pour développer l’affectio societatis des salariés et des parties-prenantes. Repositionner l’homme au cœur de l’entreprise est certainement essentiel pour renouer avec « l’Entreprise » et faire des projets d’une poignée d’hommes des projets collectifs.

A l’idée d’intégrer la qualité de la vie dans le PIB, il faudrait ajouter celle d’un rating des entreprises prenant en compte le même critère…


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