Le lecteur sait que j’ai pour habitude de proposer parfois à mes élèves des exercices d’écriture « formatés » en fonction de ce que nous faisons en cours et de me livrer également à l’épreuve. A l’issue d’un travail sur un extrait de Germinal où Zola décrit la descente dans la mine de deux chevaux dont l’un ne survit pas, nostalgique du soleil de l’extérieur, des « herbes vertes » et « des routes blanches », je demande aux élèves de raconter l’un des « souvenirs de route blanche » en adoptant le point de vue du cheval.
L’exercice permettait également de réviser l’emploi de l’imparfait. Je donne en dictée le texte suivant qui est de ma composition :
Ce matin-là, j’avais quitté mon
enclos et je me promenais joyeusement le long du sentier qu’empruntaient d’habitude les enfants qui venaient jouer avec moi. Il faisait beau, le ciel était tout bleu
et léger, des abeilles butinaient les fleurs et je me sentais aussi enivré qu’elles sous le bon soleil
qui me chauffait le corps. Un petit vent ébouriffait ma crinière et me rafraichissait les naseaux, l’air tiède qui me courait sur le dos me donnait presque l’envie de danser comme la petite fille que je voyais parfois s’amuser dans la ferme d’à côté.
Mais je me retenais, j’avais ma fierté de jeune cheval et je me
contentais de gambader, le regard droit, le buste luisant, dans l’espoir de rencontrer une pouliche en liberté comme moi, et comme moi grisée par les sensations du printemps.