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Ethan, un ange protecteur...

Par Willy

Ethan, un ange protecteur...


Bonjour,

Moi aussi j'ai perdu mon petit garçon, Ethan, il est décédé lors de l'accouchement, in utero.

C'est mon 2e enfant. Je suis maman d'une petite fille de 3 ans et demi, Keren.
 

Je sais, mon histoire est assez longue à lire, mais je ressens vraiment le besoin de décrire ce qui a pu se passer ce jour là.

Et encore, je ne mets pas tout ! Je ne parle pas des anomalies de mon suivi de grossesse, des suivi de rythme cardiaque fœtal de fin de grossesse à l'hôpital, ni des successions d'erreurs lors de cet horrible séjour à l'hôpital après ma césarienne.
  
Cela fait 1 mois et demi, mais c'est tellement dur. Ca me fait tellement mal.
Mon petit Ethan me manque.
Il manque à sa grande sœur.
Il manque à son papa.  
Il manque à sa tata.
Il manque à sa mamie.
Etc etc.
C'est horrible.
J'aimerais que ça ne soit qu'un cauchemar et que je me réveille.
Mais non, je ne me réveille pas. C'est bien réel.  
 
Ce qui est très dur aussi, c'est que j'ai le sentiment que si une seule personne du corps médical avait réussi son boulot concernant ma grossesse (une personne, le gynéco qui a suivi ma grossesse, les sages femmes qui travaillent au Rythme Cardiaque Fœtal à l'hôpital, l'obstétricien de garde, ou même une des sages femmes de la maternité), mon petit Ethan serait à cette heure-ci en train de dormir dans son petit berceau à coté de mon lit, ou en train de réclamer sa tétée. Et moi je ne serais pas en train de taper ces mots sur mon clavier d'ordinateur.
 
Je t'aime mon petit chéri. Maman pense à toi. Tu me manques mon Ethan d'amour

C’est atroce cette douleur de perdre un enfant.

J’ai la conviction que des erreurs ont été commises. J'aimerais que la responsabilité de la mort de mon petit ange soit officiellement reconnue (officieusement, je n'y compte pas puisqu'à l'hôpital ils se couvrent les uns les autres). Mon mari a rencontré un avocat qui le lui a fortement déconseillé, parce que c'est très long et éprouvant, et qu'on ne pourrait pas attaquer le médecin (je crois que c'est compliqué puisque le doc est salarié de la fonction publique) et l'hôpital (dépend du tribunal administratif). J'ai du mal à y croire.

Voici dans les grandes lignes ce qu'il s'est passé.
 

Je me suis présentée, le 30 aout à 8h45 - 2 jours avant mon terme, à la maternité parce qu'Ethan ne bougeait plus du tout.

La sage femme a fait venir l'obstétricien de garde.

Mon petit ange était déjà, dès mon arrivée, en souffrance fœtale aigue, mais je ne l'ai appris que des jours plus tard, en montrant mon dossier à 2 gynécos. Ils l'ont vu rien qu'aux tracés monito pratiqués. Déjà là, c'était un rythme cardiaque d'un bébé "ayant déjà beaucoup souffert" selon eux (un rythme « dégueulasse » selon l'un d'eux), peut-être même trop.

Mais l'obstétricien de garde n'a pas vu l'importance de cette souffrance. Je ne comprends pas comment elle a pu passer à coté d'une telle anomalie sur le tracé du rythme cardiaque fœtal. N'est-ce pas la base en obstétrique ???

Elle me place donc sous monitoring. Mais ne dit rien. Elle remue mon ventre pour réveiller le bébé, afin qu'il ait un rythme qui lui plaise plus. Elle ne dit rien, mais semble tout de même satisfaite de sa manœuvre (selon les 2 autres avis, il n'y avait pas de quoi du tout, la situation était toujours critique), puis dit très calmement et sereinement qu'elle me gardait, que je ne rentre pas chez moi, et "qu'il fallait qu'il naisse ce bébé". Mais comme elle était tellement zen, on n’a absolument pas compris que ça n'allait pas bien du tout. Surtout qu'elle n'a pas pris de mesure d'urgence. Oui il devait naitre selon elle, mais apparemment pas forcément tout de suite, aujourd'hui ferait bien l'affaire.

Elle examine mon col, j'étais dilatée à 3 cm. J'étais dilatée comme cela depuis le dimanche précédant (donc 4 jours avant) suite à des contractions que j'avais eu, mais le travail s'était terminé. Et ni les sages femmes de l'hôpital (du rythme cardiaque fœtal) ni le gynéco qui a suivi ma grossesse ne m'ont dit, lorsque je les ai vu lundi et jeudi suivants, que je devais rentrer à l'hôpital pour me déclencher (ce que moi j'espérais).

Elle me "décolle" : elle passe ses doigts entre mon col et la tête de mon petit Ethan. C'est très douloureux mais cela peut permettre de déclencher des contractions et donc l'accouchement (cela libèrerait des prostaglandines).

Elle s'en va.

Je dois attendre que le travail commence.

Mais c'est sans effet. Aucune contraction. (Pour rappel, je n'étais pas en travail en rentrant à la mater, je m'étais présentée parce qu'Ethan ne bougeait plus.)

Elle finit par revenir. Je lui dis que je n'ai toujours pas de contraction. Elle regarde le monitor, mais ne dit rien, et semble toujours zen.

Elle repart.

Plus tard, une sage femme arrive et me dit "comme vous a dit, je vais vous mettre un gel, pour aider la maturation du col". Non le docteur ne m'avait rien dit.

Parlons-en de ce gel, j'ai appris par la suite, par l'un des 2 gynécos, qu'on n'applique pas ce gel à une femme dont le col est favorable (ouvert à 3cm) et pour laquelle il s'agit d'une 2e grossesse, car percer la poche des eaux suffirait à me faire accoucher dans les 2 heures qui suivent.

Je dois rester allongée 2-3 heures pour que le gel agisse.

Donc j'attends, mon mari descend au kiosque nous acheter des magazines pour patienter.

Les contractions finissent par arriver, mais elles ne sont pas douloureuses, autant que celles que j'ai eu tout au long de ma grossesse (j'en avais beaucoup dès 4-5 mois de grossesse).

Puis à midi et quelque, mon mari commence à avoir faim. Il part se chercher un sandwich.

Soudain, je suis interpellée par le son du RCF (rythme cardiaque fœtal), je sens que quelque chose ne vas pas. Je me retourne pour pouvoir le lire, je vois 95, 75. J'étais allongée, je me redresse, assise, mon cœur battant à 20 000 à l'heure, je sonne tout de suite les sages femmes.

Elles arrivent et me disent « oui on était justement dessus ». "On va vous passer en salle d'accouchement, on va percer la poche des eaux". (Enfin, il était temps ! mais je me demande pourquoi pas une césarienne ? mais bon, je fais confiance, ce n’est pas mon métier).

Elles sortent pour passer le mot et préparer la salle. Je me retrouve seule, assise, je ne vois plus le rythme, le signal semble perdu, peut-être parce que je suis assise (avant j'étais allongée sur le coté gauche). Je place et déplace maintes fois l'électrode pour retrouver le signal.

On me dit que j'ai le temps de passer aux toilettes (j’avais réclamé plus tôt, mais je n'avais pas le droit à cause du gel).

Mon mari arrive, les sages femmes l'ont prévenu. Il me dit de ne pas m'inquiéter, que ça va bien se passer. Mais moi je m'inquiète pour mon bébé.

On me place en salle d'accouchement.

Elles rebranchent le monito. Le cœur semble repartir puisqu'ils captent un signal à 100-110 BPM. Mais c’est un rythme plutôt bas pour un fœtus.

Elles percent la poche des eaux, l'obstétricien de garde revient et voit le liquide. J’entends "il est méconial".

Mais toujours pas de césarienne.

Je sens (enfin !!!!! quelle joie !!) le bébé me donner un coup. Je me sens soulagée, libérée d'un poids, je me dis il va bien (à tort…)

Tout le monde ressort.

Une des sages femmes (jeune, et au vu de son malaise je sens qu'elle est novice) me dit "quand les contractions deviennent trop douloureuses vous appelez pour qu'on appelle l'anesthésiste pour la péridurale".

Je suis avec mon mari. On regarde le tracé du monito et l'écran de contrôle des autres salles. Celui d'Ethan est à 100-110, tandis que ceux des autres bébés tournent entre 120 et 140.

La jeune sage femme finit par revenir. Elle me dit, calmement et sereinement, que le RCF est meilleur mais qu'il reste relativement bas. [Oui il est meilleur forcément, j'ai appris par mon gynéco qu'ils se sont demandé si ce n'était pas mon cœur qu'il prenait au monito en salle d'accouchement, pour lui ce n’est certainement pas le cœur d’Ethan. J’ai observé les tracés, et effectivement c’est flagrant !!!]

De ce fait elle va faire venir l'anesthésiste pour poser la péri au cas où il faudrait intervenir d'urgence. Moi, n'ayant pas connaissance qu'il s'agit déjà d'une urgence, je suis rassurée qu'ils prennent les devants.

L'anesthésiste vient et me pose la péri.

Le RCF n'est donc plus surveillé  pendant toute la manœuvre, puisque le signal se perd à tout changement de position.

Après le départ de l'anesthésiste, je dois rester allongée le temps que le produit agisse.

Puis la jeune sage femme revient et me fait m'assoir "car ça plaira plus au bébé" (ils avaient remarqué que le monito était meilleur lorsque je suis assise, forcément si c’est Mon cœur qu’ils prenaient…). Elle essaie de me replacer les électrodes du monito.

Et là, elle passe 5 longues et interminables minutes à essayer de le retrouver.

Toujours sereinement, mais plutôt naïvement "allez bébé, montre toi..." Elle ne le trouve pas mais ne donne pas l'alerte ni n'appelle une sage femme plus expérimentée pour l'aider (elle devait avoir trop peur d'avoir l'air bête, peur d’avouer qu’elle n’a pas été capable de poser des électrodes et de trouver un RCF, certainement par honte ?).

5 mn sans RCF c’est énorme. C'est déjà trop.

Elle finit par se décider à appeler une autre sage femme pour l'aider à trouver le signal. (Alléluia !!!)

L'autre sage femme arrive, soucieuse par la demande de la jeune sage-femme.

Et là tout s'est précipité, tout est allé très vite, enfin quelqu'un de réactif. Elle cherche le signal, ne le trouve pas, fait bipper le médecin, sort le matériel échographique même si elle ne sait pas l'utiliser et essaie de trouver le cœur (je remarque qu'on n'entend pas le RCF, je sais intérieurement que c’est trop tard). Le doc arrive, voit l'écho, et fait non de la tête.

On m'envoi tout de suite au bloc.

On me fait une anesthésie générale pour extraire Ethan en extrême urgence.

Mais en vain, il était trop tard, ils n'ont jamais réussi à le réanimer.

J'en veux à cette sage femme d'avoir attendu si longtemps avant de dire que le cœur du bébé ne battait plus. Mais peut-être était-ce déjà bien trop tard, si c’est mon cœur qu’ils enregistraient, cela veut dire que mon bébé n’a pas été surveillé pendant 1 heure et demi, sa dernière heure et demi.

Mais aussi et surtout j'en veux au médecin de garde, qui a déclenché un accouchement par voie basse, sans voir le caractère ultra-urgent de la situation, alors qu'il convient de sortir le bébé d'urgence dans une situation de souffrance fœtale (tous les signes évidents étaient réunis : absence de mouvements de bébé, rythme cardiaque fœtal non réactif montrant une grande souffrance, anomalies du rythme, anomalie du tracé, liquide amniotique teinté, etc.).

Mon petit chéri a tenu 5h30 comme ça (peut-être moins si ce n’est pas son cœur qu’ils observaient), puis son petit cœur a cessé de lutter. Il leur a fallu l'arrêt cardiaque de mon fils pour se bouger pour m'envoyer en césarienne.

Pourquoi pas avant ??

Voici les articles du code de la santé publique que j’ai trouvés sur le site de l’AAVAC.

  • Article 32 (article R.4127-32 du Code de la Santé Publique)
    Dès lors qu'il accepte de répondre à une demande, le médecin s'engage à assurer personnellement au patient des soins consciencieux, dévoués et fondés sur les données acquises de la science, en faisant appel, s'il y a lieu, à l'aide de tiers compétents.
  • Article 33 (article R.4127-33 du Code de la Santé Publique)
    Le médecin doit toujours élaborer son diagnostic avec le plus grand soin, en y consacrant le temps nécessaire, en s'aidant dans toute la mesure du possible des méthodes scientifiques les mieux adaptées et, s'il y a lieu, de concours appropriés.
  • Article 40 (article R.4127-40 du Code de la Santé Publique)
    Le médecin doit s'interdire, dans les investigations et interventions qu'il pratique comme dans les thérapeutiques qu'il prescrit, de faire courir au patient un risque injustifié.

Nous avons demandé qu’une autopsie soit pratiquée.

Nous devrions obtenir les résultats d’ici 1 mois. Mais on nous a prévenus qu’il est probable que cela ne nous apporte aucune réponse.

Je souhaite tout plein de courage à toutes les mamanges qui ont le malheur d’avoir à vivre la tragédie de perdre un enfant.

Emmanuelle.B Maman de Ethan



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