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Le poème épique de Francesco Bearzatti

Publié le 16 octobre 2009 par Souillacenjazz
Le poème épique de Francesco BearzattiHier soir, Francesco Bearzatti se produisait à l'Automne Club. La salle était loin d'être pleine mais un jeudi soir (le concert débutait à 22h30), pour un saxophoniste et clarinettiste connu surtout pour sa participation à Bizart trio avec Aldo Romano et Emmanuel Bex...
Pas beaucoup de monde donc dans le Magic Mirror mais une patate d'enfer pour une Tinissima Suite en neuf chapitres qui se sont succédés sans interruption. Tinissima pour Tina Modotti nous dit, en début de concert, Bearzatti. Une femme mythique ajoute-t-il.
Un hommage chronologique puisqu'il débute avec "Mandi Friul" (Tina Modotti est née à Udine en 1896) et se termine avec "Hermana No Duermes" (ou la mort à Mexico en 1942). "Hermana No Duermes" sonne d'ailleurs comme une marche funèbre. Basse et batterie, d'un lourd pas unanime, déroulent impertubablement une atmosphère poignante. Le sax est plaintif, souffrant, la trompette douloureuse. Cet épisode macabre est un des plus longs de l'hommage (presque 7 min. en studio). Trompette et sax finissent, eux aussi, à l'unisson dans une lamentation éprouvante.
Entre temps, c'est l'épopée de la photographe italienne qui est mise en musique. D'abord "America", puisque Tina Modotti s'est installée, de 1917 à 1923, à San Francisco puis Los Angeles. Ici, Bearzatti est à la clarinnette et ça envoie dur dans l'Amérique début XXe. Ça se poursuit avec "Why?" jusqu'à la quatrième plage, explicitement intitulée "Mexico". Ici, ça parade sympathiquement, les souffleurs s'en donnent à coeur joie, après une très longue introduction menée par Danilo Gallo. On roulerait presque des hanches dans la chaleur moite et festive. Et, voilà qu'en quittant le Mexique, Tina Modotti en fut expulsée, catastrophe: c'est le début d'une fuite d'abord dans l'Allemagne des années "1930", ensuite en Union soviétique, puis en Espagne pendant la guerre civile. Ça barde pour les morecaux qui suivent; rythmique binaire, très rock, quelque chose de dirty, pas loin d'un punky "no future". Dernier moment, retour au Mexique, et là, c'est la mort, dans un taxi, au mois de janvier. Francesco Bearzatti (sax. cl.), Giovanni Falzone (tp), Danilo Gallo (b) et Zeno di Rossi(d) pleurent et nous avec. La boucle est bouclée.
Gilles

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