Magazine Asie

Retour de Pusan

Par Fredo
"Le festival de cinéma de Pusan, c'est un peu le Cannes de l'Asie. Mais c'est pas Cannes. Heureusement que c'est pas Cannes, d'ailleurs." - Jean-Jacques Beinex, président du jury cette année.
Retour de PusanLe festival finit aujourd'hui. Retour sur cinq jours pusannais agités, passés à sauter d'une séance à l'autre, à subsister à l'aide de petits fours, à bousculer des célébrités, à tenter de voir des amis pendant les blancs, et à se laisser porter.
Samedi soir, réception française ; les flashs crépitent, se concentrant autour de la paire de starlettes invitées, et de quelques augustes représentants de la culture française. Ignoré dans un coin, l'immense réalisateur coréen Im Kwon-taek, légende vivante qui a réalisé plus de cent films, dont le superbe Ivre de femmes et de peintures, regarde la scène, impassible. Au milieu d'un raffut de tous les diables, Anne-Marie Idrac remet la médaille de l'ordre du chevalier des arts et des lettres à la grande actrice Jeon Do-yeon, que l'on retrouvera quelques heures plus tard, s'éclatant comme une gamine sur le dance-floor du Novotel.
On croise beaucoup de Français, à Pusan. En terme de cinéma, les deux exceptions culturelles ont finalement beaucoup de choses en commun et de projets à partager. L'occasion par ailleurs de déplorer la baisse des quotas qui protégeaient les films coréens jusqu'en 2007. Une division par deux sous pression américaine. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : en 2007, 120 films coréens sont sortis. En 2009, ce sera une petite quarantaine.
Sans parler de la qualité, et de la créativité, en berne. Il y a moins de bons films. Découvert par hasard une perle : Tokyo Taxi, l'histoire hilarante de deux Japonais tout perclus de politesse qui se rendent en taxi de Tokyo à Séoul. Vu aussi le dernier Hong Sang-soo, qui fait dans l'auto-dérision, maintenant. C'est plutôt réussi, du coup.
Pourquoi vient-on a Pusan ? Pour la plage, les célébrités entr'aperçues sur la Croisette locale, les films sans doute. Mais mieux vaut se lever tôt : samedi matin, il ne restait déjà plus un seul ticket disponible pour tout le weekend.
Et les films en sélection, quelle tendance ? Beinex: "Il y a quelque chose qu'on perçoit, c'est, vraiment, un grand pessimisme. Ces films décrivent un monde noir, difficile, un monde où il y a de l'exploitation, des difficultés entre les êtres, pas vraiment d'espoir. C'est un outil extraordinaire, le cinéma. Pour comprendre. Des choses qu'on ne comprend pas seulement avec des statistiques, des courbes de croissance."
Et de suggérer d'obliger hommes politiques et autres dirigeants du G20 à aller voir ces films. Pas une mauvaise idée.

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