Magazine Bien-être

Peau et société

Publié le 17 octobre 2009 par Heavensweet

UNE SURPRENANTE PROPRETÉ

Ces dernières années, un mouvement d’hygiénisme forcené s’est propagé : à la naissance nous sommes nettoyés des pieds à la tête, toute notre vie nous prenons des douches fréquentes, nous faisons des shampooings, nous utilisons des produits nettoyants actifs… Cependant, notre rapport au lavage et à la purification est plus culturel que médical. Il y a des côtés agréables mais qui ne doivent pas empêcher de considérer les effets négatifs.

Au-delà des effets secondaires de sécheresse de peau ou d’allergies dus à une utilisation excessive de produits lavants, des études récentes montrent que trop de propreté pourrait peut-être nuire à la santé. La théorie hygiéniste considère ainsi qu’un «manque» d’infections dans la petite enfance (y compris les infections cutanées) peut conduire à des manifestations atopiques ou des maladies auto-immunes* dans l’enfance et à l’âge adulte. Pour ce qui concerne la dermatologie, la fréquence élevée de la dermatite atopique dans les pays les plus développés pourrait être liée à ce manque d’infections précoces. De plus, notre espèce a mis des millions d’années à organiser notre immunité innée, et toute action sur la peau, sur la colonisation bactérienne physiologique en particulier, modifie cette immunité qui nous protège, pas toujours dans le bon sens.

*  Maladies dues à une action anormale du système immunitaire qui attaque les cellules, tissus ou organes comme s’il s’agissait de corps étrangers.

LES MALADIES INFECTIEUSES ÉMERGENTES

A la fin des années 1970, on a cru qu’il n’y aurait plus de maladies infectieuses grâce au développement de l’hygiène, l’assainissement de l’environnement, l’avènement des anti-infectieux, les programmes de vaccination… Avec l’apparition du sida et la découverte de nouveaux agents infectieux, le «retour des maladies infectieuses» a été prononcé 20 ans plus tard, donnant naissance aux «infections émergentes».

Nombre de ces infections émergentes - en particulier virales - comportent des manifestations cutanées : le chikungunya, la dengue, le virus du Nil occidental (ou West Nile), l’infection par le virus ebola, le monkeypox.

Une maladie infectieuse émergente est une maladie qui apparaît ou dont l’incidence augmente en un lieu donné, ou encore dont l’incidence pourrait augmenter du fait de conditions propices à sa transmission.

L’émergence de nouvelles infections résulte de la combinaison de trois types de facteurs :

Facteurs liés aux agents infectieux : modifications qualitatives de certaines infections par mutation, acquisition de matériel génétique d’un autre agent infectieux, réassortiment.

Facteurs humains : densité de population, mégapoles, migrations, voyages, contact par la chasse ou l’élevage avec des animaux infectés, déforestation, construction de barrages, mondialisation des échanges, usage abusif des anti-infectieux et antibiotiques qui entraînent une résistance des virus, transfusions sanguines, baisse de l’immunité…

Facteurs environnementaux : crues, sécheresses, réchauffement climatique. Ce sont les facteurs humains qui jouent le plus grand rôle dans l’émergence actuelle de maladies infectieuses.

Dans les 15 dernières années, les populations de moustiques se sont considérablement accrues avec le réchauffement climatique et les infections transmises par les moustiques - et en particulier la dengue - ont beaucoup augmenté en Amérique Centrale, en Amérique du Sud, en Asie et en Afrique Orientale et Centrale.

On pense ainsi que le virus West Nile, originaire de la rive occidentale du Nil, s’est répandu à New York en 1999 par l’intermédiaire de moustiques qui auraient voyagé par avion ou conteneurs du Moyen- Orient en Amérique.

La situation actuelle laisse penser au développement à venir de ces maladies. Il est néanmoins tout à fait possible d’anticiper certains de ces risques par des plans de préparation, la recherche sur les agents infectieux, les thérapeutiques antivirales, la veille prospective et la surveillance épidémiologique.

Le diagnostic du cas index et la coordination des différents acteurs (cliniciens et en particulier dermatologues, épidémiologistes, chercheurs, virologues, vétérinaires) à l’échelon régional, national et mondial sont essentiels dans la gestion de ce phénomène. 

CELLULES SOUCHES CUTANÉES ET CICATRISATION

La connaissance biologique des cellules souches, et en particulier des cellules souches cutanées, progresse considérablement, permettant des applications thérapeutiques dans le traitement des blessures et brûlures, des cancers cutanés, de l’alopécie…

Les cellules souches

Ce sont des cellules indifférenciées capables de s’auto-renouveler tout en produisant d’autres cellules qui s’engagent dans une ou plusieurs voies de différenciation.

Il existe trois types de cellules souches : les cellules souches foetales, les cellules souches embryonnaires, les cellules souches des tissus adultes.

Les cellules souches embryonnaires se distinguent des cellules souches adultes par une propriété essentielle : elles ont la possibilité de conduire à la formation de tous les tissus de l’organisme, elles sont dites totipotentes. Les cellules souches adultes : il y a encore peu de temps, on les pensait toutes unipotentes, c’est-à-dire engagées dans un programme tissulaire spécifique et capables de ne reconstituer qu’un seul type de tissu. Cependant des travaux récents ont montré que certaines sont en mesure de conduire à la formation ou à la régénération de tissus distincts : dans ce cas, on parle de multipotence ou plasticité.

Récemment, une greffe de cellules souches de moelle osseuse a pu traiter un patient victime d’une grave brûlure par irradiation de la main (première mondiale réalisée en France à l’Hôpital Percy, début 2006). La thérapie cellulaire avec cellules souches adultes est plus délicate car ces cellules sont rares (1/10 000 à 1/15 000 dans la moelle osseuse par exemple) et par conséquent difficiles à isoler. Elles permettent la régénération des cellules dans un certain nombre de circonstances physiologiques (reconstitution du foie après ablation) ou pathologiques (greffes de moelle osseuse…).

Les cellules souches cutanées adultes

L’existence de cellules souches adultes dans la peau (le renouvellement permanent de la peau impliquant la présence de cellules souches) permet de soigner certaines affections cutanées comme les brûlures étendues et les plaies.

Il existe deux types de cellules souches cutanées :

- les cellules souches interfolliculaires épidermiques, unipotentes, qui permettent la régénération, la prolifération et la cicatrisation de l’épiderme de la peau adulte,

- les cellules souches folliculaires, multipotentes, présentes dans le bulge, et qui peuvent notamment se différencier en neurones, kératinocytes, cellules musculaires, mélanocytes et même en vaisseaux sanguins. On a récemment montré qu’elles interviennent, elles aussi, dans la cicatrisation cutanée.

Les avantages de la thérapie cellulaire pour le traitement des blessures et brûlures

Aujourd’hui, les grands brûlés sont greffés à partir d’un prélèvement de leur propre peau ou de celle d’un donneur : ces fragments de peau saine sont cultivés in vitro pour reconstituer un tissu épidermique. Mais la régénération de la peau reste néanmoins lente et incomplète – les glandes sudoripares et sébacées ne pouvant se reconstituer. Les tissus cutanés cultivés peuvent être utilisés pour apporter des facteurs de croissance (dans des ulcérations cutanées, par exemple).

Les cellules souches cutanées sont, quant à elles, capables de se transformer en différents types cellulaires : cellules épidermiques, poils et glandes sébacées. La greffe de cellules souches permet donc d’augmenter la rapidité et la qualité de la régénération, ainsi que l’aspect esthétique de la peau régénérée. De grands progrès ont par exemple été faits dans la cicatrisation des plaies par la transplantation de cellules souches de moelle osseuse.

Les cellules du follicule pileux ont un profil immunologique unique qui leur donne un «privilège immunitaire», limitant fortement les rejets et réponses inflammatoires.

Les cellules souches cutanées se prêtent particulièrement à la thérapie génique.

De façon générale, de par leur plasticité et accessibilité, les cellules souches cutanées adultes sont appelées à être fréquemment utilisées dans différentes formes de thérapies cellulaires.

Par Marie-Sylvie DOUTRE & Pr Gérard LORETTE.


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