Apparition des piles.
Une chronique de Vance
Le cœur des hommes est une bibliothèque où s'alignent les romans tragiques, les idylles, les livres gais et aussi quelques livres légers : une bibliothèque rangée sans ordre apparent, mais complète.
Henri Duvernois
Nous voilà installés. Grâce à l’aide de ces gens de bien qui dépensent tant d’énergie au service de leurs proches, les meubles se montent vite et l’occupation des locaux se déroule sans histoire. Maya, démon familier, prend vite possession de ces lieux, en attendant une future visite dans le jardin dont il faut colmater les brèches qui lui permettraient d’accéder au dehors (un grillage, un brise-vue et le tour est joué).
Restent les cartons.
Pas la vaisselle, qui s’est empilée comme par magie dans les éléments de cuisine.
Ni les vêtements que d’autres fées habiles rangèrent bien vite dans les armoires.
Mais les livres.
Les classeurs, les feuillets, les magazines, les cahiers, les porte-documents, les pochettes, les dossiers.
Les livres.
Faciles à caser, mais qui ruinent facilement un dos lorsqu’ils emplissent un carton mal tenu. Traces d’une vie à se cultiver, s’enrichir et s’émouvoir, s’émerveiller, se distraire.
Cartons et caisses : nécessaires pour le déménagement, ils paraissent désormais comme autant de cercueils. Et encombrent.
La bibliothèque du salon reprend d’abord ses droits : les beaux livres y prennent place, avec les comics reliés, les dictionnaires, les livres d’art et d’histoire. Quelques polars aussi.
Les autres attendent.
Alors, pour leur faire comprendre que je ne les oublie pas, je les range, les empile et les case. Au moins, ils sont à l’air libre.
2e étape : où les cartons se vident et les livres s’empilent dans un coin, attendant l’étagère salvatrice.