« Ce que fait le Seuil ici c'est dégoûtant... » Voilà comment une lectrice percevait l'intention de la maison Seuil que d'éditer un inédit inachevé de la romancière Nelly Arcan, mais également de forcer son ordinateur pour tenter d'y trouver d'autres textes potentiellement publiables.
C'est probablement ce type de réaction qui aura décidé finalement l'éditeur français à reporter la parution du texte en question, qui ne comporterait que 40 pages. Bien que l'auteure ait déjà signé le contrat pour sa publication, la maison a finalement pris conscience de la polémique qui gronde au Québec, et préfère prendre un peu de distance.
Laisser passer de l'eau sous les ponts, mais également donner à la famille la possibilité de choisir précise Bertrand Visage. « Je vais attendre que le temps fasse son oeuvre. Il est trop tôt pour parler de ces questions. Il faut laisser le deuil s'accomplir, les plaies se refermer », explique-t-il dans un entretien avec La presse.
De même, plus besoin de hacker pour pirater l'ordinateur : il ne s'agissait que d'une hypothèse juste envisagée. D'autant que, tout comme les autres biens de la romancière, son ordinateur appartient à la famille. « Et je sais que l'ordinateur de Nelly Arcan, personne n'en connaît le code, même pas son compagnon. »
Reste alors la question morale de ce type de parution : peut-on vraiment publier ces textes ? « Il faut vérifier qu'aucune personne vivante n'est mise en cause et que les ayants droits de l'écrivain sont d'accord avec la publication », précise Bertrand Visage. Sans oublier « l'intérêt littéraire des textes intimes », qui peut être la première barrière à leur sortie.
En outre, la maison québécoise Coups de tête publiera elle Paradis clef en main, le 8 novembre, et propose d'ores et déjà de découvrir les 30 premières pages du livre, comme nous le signalait Pierre Maury.