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Critique : Thirst – Ceci est mon sang

Par Rom_j

Il est de ces films qui ne laissent pas indemne, qui laissent une marque profonde au spectateur, à la différence de la plupart des insipidités que l’on trouve en salles. Un bon indice pour les reconnaître est le lendemain au réveil : si la première chose à laquelle on pense est le film de la veille, c’est qu’il en reste quelque chose en nous. C’est ce qu’il s’est passé avec Thirst, de Park Chan-Wook. Ce matin au réveil, mes premières pensées furent pour le réalisateur coréen : pourquoi ravager un tel chef d’œuvre ?

Thirst

Car Thirst commence comme tel : le jeune prêtre Sang-hyun, mortifié de voir les patients de l’hôpital où il officie mourir ou sombrer dans le coma, rêve de se sentir enfin utile. Il s’engage comme cobaye dans un laboratoire qui cherche un vaccin contre un obscur virus ravageur, expérience qui lui aurait été fatale si une mystérieuse transfusion ne l’avait pas soudainement ramené à la vie. Alors qu’il recommence son activité de prêtre, il se rend vite à l’évidence. S’il commence à avoir des pulsions peu chastes vis à vis de la jeune fille de sa famille d’accueil, s’il a autant soif de sang humain, si ce fluide vital lui ôte tous les symptômes de ce virus qui ne cesse de resurgir, c’est que sa transfusion venait d’un vampire, et qu’il en est devenu un.

Ce scénario de départ est déjà des plus plaisants. Mais la mise en scène de Park Chan-Wook rend le tout d’une beauté renversante. On comprend la puissance de sa caméra lorsqu’on se retrouve dans cette famille d’accueil, auprès d’une mère tout à fait dans l’esprit Groseille, du fils abruti et de la jeune fille adoptée,  exploitée et mariée de force au garçon. Des plans virtuoses nous montrent alors cette vie de famille, la souffrance et les humiliations de Tae-Ju, la fille, et les regards de moins en moins chastes que lui porte le prêtre.

Lorsque peu à peu se met en place la relation amoureuse qui va lier Sang-hyun à Tae-Ju, entre maladresse, culpabilité et pure jouissance, on pense ici accéder au Saint Graal des films de genre, dégotter le chef d’œuvre qu’on attend en salles pendant des mois et qui justifie une année de carte illimitée. On pense retrouver Morse en version coréenne, quoi. Nenni ! A peine se surprend-on à penser cela que le scénario dégénère, la mise en scène se dégrade et le film devient un trip sous acide qui laisse le spectateur sur le bas côté.

Dans sa deuxième partie, Thirst quitte toute poésie pour passer au grotesque. Tout devient malsain, crade et absurde, sans réel fil directeur si ce n’est la folie grandissante de la jeune fille et l’abandon de ses idéaux par le prêtre. Heureusement, la scène finale empêche le spectateur de regretter de n’être pas parti au milieu du film : Park Chan-Wook retrouve de sa superbe pour donner une belle issue à son histoire. Il n’en reste ce sentiment de gâchis, qui confère au moins au film de ne pas laisser indifférent.

Mais quel dommage !


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