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Quand les mots se dérobent...

Publié le 21 octobre 2007 par Sarah Oling
Un matin de grande résistance contre une immense révolte, un matin où je Vous cherche et ne sais trouver les mots pour accueillir le silence qui me réponds. Un de ces matins fondateurs où je vais chercher l'apaisement auprès d'êtres éclairés, de ceux qui me redonnent force et courage pour aller jusqu'au matin d'après. Aujourd'hui, c'est vers Etty Hillesum que je me suis tournée.   Etty, jeune femme juive d'Amsterdam, alors que le chaos règne autour d'elle, s'apprêtant à anéantir les juifs d'Europe, s'ouvre à la vie, à l'espérance, à la foi, une foi lumineuse, qui va  se renforcer  et dont elle va témoigner, à travers son journal, qui survivra à sa déportation et à sa mort à Auschwitz en novembre 1943.   Extrait d 'Une vie bouleversée" paru aux Editions du Seuil "Autrefois, je croyais devoir produire un certain nombre de pensées profondes par jour; aujourd'hui, il m'arrive d'être une friche infertile, mais étendue sous un ciel vaste, haut et paisible. C'est mieux. Je me défie aujourd'hui de cette profusion de pensées jaillissantes, j'aime mieux de temps en temps être en friche et en attente. Notre fin, notre fin probablement lamentable, qui se dessine d'ores et déjà dans les petites choses de la vie courante, je l'ai regardée en face et lui ai fait une place dans mon sentiment de la vie, sans qu'il s'en trouve amoindri pour autant. Je ne suis ni amère, ni révoltée, j'ai triomphé de mon abattement et j'ignore la résignation. Je continue à progresser de jour en jour, sans plus d'entraves qu'autrefois, même en envisageant la perspective de notre anéantissement. Je ne me parerai plus de belles formules qui prêtent toujours à malentendu: "J'ai réglé mes comptes avec la vie, il ne peut plus rien m'arriver, d'ailleurs il ne s'agit pas de moi personnellement, peu importe qui meurt, moi ou un autre, l'important, c'est que l'on meurt(..)" Des mots qui déchirent l'absence, des mots qui bouleversent et révolutionnent. De ces mots qui peuvent provoquer une conversion, de ceux qui m'obligent à secouer mes matins tristes pour leur redonner le souvenir de la joie. Oui! Demain est un autre jour, à vivre et non à projeter.

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