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Tancrede, une uchronie par Ugo Bellagamba

Par Corwin @LR_Corwin

Je dois être en veine lorsque je choisis des bouquins. Du moins actuellement, c’est vrai que cela n’a pas toujours été le cas. Voici que passe donc entre mes mains ce curieux “Tancrède, une uchronie” par cet inconnu qu’est Ugo Bellagamba. Enfin, inconnu pour moi : le garçon a déjà commis deux trois bricoles (ici, sa fiche wikipedia). Après le coup de couteau dans les tripes de La Fin du Monde de Fabrice Colin, voici venir le direct en pleine tête…

tancrede

Le format un peu atypique de l’éditeur, les Moutons Electriques, permet de faire ressortir leurs bouquins dans les linéaires de bibliothèques. Et une fois qu’on a le livre en main, on est charmé par l’illustration : un chevalier croisé, des bateaux dans le ciel, de jolies couleurs….Que demande le peuple ?
Alors, on louche sur le 4ième de couverture. Que nous dit celui-ci ? En gr, qu’on va suivre un jeune chevalier sur les difficiles routes des croisades dans le but de délivrer Jérusalem.

Mouais… Et elle est où l’uchronie là-dedans ? Attends, bouge pas, je t’explique !
Il se trouve que l’auteur est très habile. Non content d’avoir une plume magnifique, Ugo sait mettre le lecteur dans le vent. Sous couvert d’un avant-propos, il nous raconte comment, lui, a pu mettre la main sur des fragments épars d’une biographie de ce fameux Tancrède. Ces notes auraient été pris par son scribe, et l’auteur aura fait un lourd travail pour en tirer un récit.

Il est temps alors d’attaquer le bouquin…. en plein siège d’une cité italienne par des normands, dont fait partie Tancrède et son scribe. Tout de suite, le feu des batailles fait rage.  Et quand je parle de rage…. on a à faire à des être humains, dans leurs doutes, leur aveuglement, leur fatigue et dans la tripaille qui se répand. Les descriptions (et ce sera vrai tout au long du bouquin, là je pense en particulier au récit insupportable d’un autre siège) sont criantes de “réalisme” : non, il n’y a pas un super-guerrier qui balaie tout avec une titanesque épée et aucune magie n’est à l’oeuvre. Méfiance : “le souffle d’un Gemmell” est-il écrit dans la description… et ben c’est vrai !

Le décor est planté : 11ième siècle, les croisades, les noms des nobles et de leurs vassaux, les techniques de combats, les lieux aux évocations si fortes (Antioch, Jérusalem, Le Caire, Damas, Alexandrie etc…). L’intégrisme, le fanatisme, l’inversion des rôles entre chrétiens et musulmans, le vrai visage des croisades. L’Histoire avec un grand H se cache dans ces pages.
Mouais… Et elle est où l’uchronie là-dedans ? J’y arrive, panique pas.

C’est la grande force dUgo Bellagamba. En fait, cette foutue question, on la traine de page en page, de partie en partie. A quel moment me suis-je rendu, que “ça y est ! on est loin des livres des histoires ?”…. à quelques encablures de la fin.
Parce que le bouquin, je l’ai littéralement adoré ! Les personnages sont justes, l’écriture tout à la fois impitoyable, précise et enivrante. On est aspiré dans le sillage de Tancrède et l’on en sort plus. Même à la fin, quand enfin apparaissent les éléments limite “steampunk”, j’aurais pu me demander si, en réalité, la bibliothèque d’Alexandrie n’avait pas détenu de tels secrets.

J’espère sincèrement qu’Ugo Bellagamba signera d’autres uchronie de ce niveau. Ce fut une superbe découvert, un excellent moment de lecture et une énorme source d’inspiration !


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