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Le Ruban Blanc

Publié le 21 octobre 2009 par Mg

Dans un coin Michael Haneke, cinéaste talentueux et reconnu comme tel, à la carrière plutôt remplie. De l’autre Isabelle Huppert, sa personnalité et une Palme d’Or. ça grinçait des dents au lendemain de Cannes après une remise des trophées plutôt controversée. Le chouchou de la Présidente récompensé? Et le Prophète alors? Et alors, pourquoi pas Haneke justement. Le monsieur possède toutes les qualités d’un réalisateur hors normes, et son film aux antipodes du film (excellent) carcéral de monsieur Audiard, des qualités insoupçonnés.

Posons les bases. 2h20. Noir et Blanc. 1913. Allemagne. Vie et mort dans un village rural où les familles se réunissent et se décomposent à l’ombre du châtelain local. Haneke brosse un tableau de quelques personnages identifiables ; le payson, le baron, le médecin, … sous l’œil du narrateur, l’instituteur. L’Histoire en grande lettre n’est pas loin puisque nous sommes à la veille de l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand, déclencheur de la Première Guerre Mondiale. Nous suivons donc le quotidien de ce village durant l’année qui précède, ponctué de fêtes de saisons et d’évènements mystérieux. Pas d’Haneke sans une violence sous jacente, sans une tension au couteau (magnifiquement illustrée dans Caché, plus visible et plus physique dans ses précédents). Ainsi, si l’intérêt est de se replonger dans une époque aux mœurs complètement différents des notres, entre religion et autoritarisme, le réalisateur y insère des soupçons de chaos, entre des enfants battus ou violés, et des accidents un peu douteux. Un mal qui ronge la société en somme, et se répercute à tous niveaux.

Le portrait est dure, mais loin d’être inexact. Dans un système familial où la moindre faute renvoit à la correction ou au renvoi, Haneke dissèque les relations amoureuses, familiales et sociales avec une force inouïe dissimulée derrière un noir et blanc académique, et des génériques silencieux. Du classique classieux pour une noirceur de ton, voici donc le réalisateur de Funny Games pas si loin. Et s’il garde toujours une aura de mystère quand à l’histoire, l’important se situe au niveau des personnages, de leur interaction à leur définition définie par la religion et l’assouvissement au baron. Sorte de fin de Moyen Age peu reluisant, et dont les derniers instants sont consacrés par l’annonce d’un conflit imminent venant de la ville et le ressenti de la campagne. Un film très précis sur l’aspect social de cette époque radicalement différente (c’était il y a moins d’un siècle).

Alors Palme ou pas, le Ruban Blanc est un grand film. Et une nouvelle prouesse de son réalisateur, adaptant au sujet des techniques et une approche bien spécifiques. On ne saura dire par rapport à un Prophète très moderne dans son thème et sa réalisation qui l’aurait emporté, mais finalement peu importe. Haneke le méritait et ne l’a pas volé sur cette année. Peu de différences à l’arrivée, mais on espère qu’Audiard, qui s’améliore à chaque film, sera également récompensé de ses efforts une prochaine année..


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