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Avant-première : “Esther”, juste une “fille de”

Par Kub3

Avec ce nouveau film produit par Leonardo DiCaprio, le réalisateur de La Maison de Cire n’avait pas la prétention de révolutionner quoi que ce soit.  Jouant la carte des bonnes vieilles recettes, Esther avait néanmoins de quoi jouer avec nos nerfs. Malheureusement, en usant et abusant des ressorts rouillés du genre, Jaume Collet-Serra nous livre un film d’horreur caricatural et sans grand intérêt.

Avant-première : “Esther”, juste une “fille de”

Kate Coleman (Vera Farmiga) est une mère meurtrie par la perte de son troisième enfant, mort avant même d’avoir vu le jour. Ayant surmonté l’alcoolisme et les infidélités de son mari (John, incarné par Peter Sarsgaard), elle est enfin parvenue à retrouver un semblant de stabilité familiale. Sous la pression du manque mais incapable de porter un nouvel enfant, elle décide d’adopter une charmante petite brune à l’accent russe : Esther (Isabelle Fuhrman ).

Inutile d’aller plus loin car, vous l’aurez compris, la nouvelle venue et sa bouille angélique va rapidement se transformer en tyran machiavélique et jeter la discorde dans la famille Coleman, pour ne pas dire un bordel sans nom. Même si le pitch est dépourvu de toute originalité, le film parvient à tenir quelques temps le spectateur en haleine, maintenu à bout de bras par la très bonne prestation d’Isabelle Fuhrman. Nos doigts se crispent sur les rebords du siège lorsqu’on assiste à la torture psychologique que la petite peste fait subir à son entourage. Sans compter la scène d’ouverture, on ne peut plus radicale, qui vous plonge sans ménagement dans l’ambiance tout en vous donnant l’impression que le réalisateur n’a pas l’intention de lésiner sur les moyens.

Mais le principal défaut de ce film vient justement de là. Conscient que sa réalisation s’incrit dans une très longue lignée de films d’horreur mettant en scène des enfants diaboliques ( Le village des damnés ou Joshua pour ne citer que ceux-là), Jaume Collet-Serra se sent obligé d’en faire des caisses pour se donner un semblant de légitimité.

Alors que la sauce est doucement en train de monter, il décide donc d’ajouter les ingrédients fatals, transformant l’ensemble en un gloubiboulga indigeste. On regarde avec délice Esther tisser finement sa toile dans la première moitié du film, mais on s’ennuie ferme devant la succession de ficelles grosses comme des câbles utilisées dans la seconde. La révélation du “secret” d’Esther en devient tout sauf un climax et le tout s’achève dans un final des plus convenus où, comme par hasard, la résolution de l’imbroglio engendré par les manœuvres d’Esther coïncide avec la fin des souffrance de Kate en tant que mère spoliée.

L’ensemble sombre donc rapidement dans le grand guignol vaguement divertissant. De l’affiche affreusement photoshopée à cette femme venue nous présenter le film en nous garantissant “une grosse surprise à la fin” tous les artifices possibles sont déployés pour tenter de cacher la misère. Mais rien n’y fait : Esther incarne ce cinéma paresseux qui se repose sur ses acquis et n’invente rien pour parvenir à ses fins. En bref et comme tant d’autres, Esther est “une fille de”.

affiche-esther

Esther, en salles le 30 décembre 2009

Crédits photos : Warner Bros


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