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La guitare de Bo Diddley : ambiance noire pour guitare bleue

Par Actualitté
La guitare de Bo Diddley : ambiance noire pour guitare bleue Ça se passe dans un coin pourri du pauvre Paris, un hiver bien froid où le vent vous glace jusqu'aux os. On y découvre Arsène, un jeune qui rêve de faire du basket en professionnel, et qui pour l'instant pieute dehors. La galère le pousse à fracturer une Mercedes pour y dérober une guitare. Il n'en joue pas, mais qu'importe, ça peut rapporter du fric, de quoi bouffer, dormir sous un toit et dans un lit.
Bo Diddley, ça lui dit rien. Et sa fameuse Blue Hawaï n°1 non plus :  « Clapton a composé sur cette guitare » ! Alors il l'offre à Rachid, musicien des bars de la capitale, qui lui a sauvé la vie. Il a bien fait, Arsène. Elle porte la poisse cette foutue gratte. Ceux qui l'ont eut entre les mains ce sont brûlés les doigts. C'est Farid El Attrache, dealer de pacotille, qui traverse le pare-brise d'une voiture ; c'est un chauffeur de taxi mort d'une crise cardiaque ; ou encore monsieur Olmetta, ancien flic toxicomane, qui succombe à une overdose.
La Blue Hawaï voyage dans les quartiers les plus sales, fraye avec les putes et les vendeurs de blanche, de Pigalle ou de Stalingrad. Triste image loin des cartes postales : c'est le Paris populaire qui défile sous nos yeux. Ce sont des hôtels miteux, et des filles de l'Est séropositives. Des pauvres flics rendus dingues, qu'on distingue mal des voyous. Et quand Arsène croise de nouveaux le chemin de cette maudite guitare, il décide de la rapporter à son propriétaire, de passage au Zénith. Une belle intention, mal appréciée par Bo Diddley...
  La guitare de Bo Diddley : ambiance noire pour guitare bleueLa guitare de Bo Diddley : ambiance noire pour guitare bleueLa guitare de Bo Diddley : ambiance noire pour guitare bleue Après Rouge est ma couleur ; publié également chez Casterman ; la deuxième collaboration de Villard et Chauzy offre au lecteur une histoire bien sombre, au scénario fouillé. La musique de Bo Diddley court dans des pages rythmées par une narration polyphonique, soutenue par des dessins implacables. On aimerait éviter de croiser, le soir en rentrant chez soi, les sales gueules qui peuplent ce livre ! Les regards habités par des folies en tout genre donnent au récit une ambiance angoissante, signe d'un polar bien ficelé. Et le fait que Chauzy habite Barbès n'est certainement pas étranger à l'atmosphère qui se dégage de cette  Guitare de Bo Diddley. Avec un peu d'espoir tout de même, dans les yeux d'Arsène et d'Alex, une jeune guitariste de jazz qui tourne au Subutex...
Ceux qui auront apprécié l'opus pourront se pencher sur le roman de Marc Villard parut chez Rivages en 2003, puisqu'il s'agit d'une adaptation. En espérant que d'autres viendront.

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