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Critiques en vrac 16: La Chambre des Morts – Timecrimes – Dark Floors – Triangle

Par Geouf

La Chambre des Morts

Critiques en vrac 16: La Chambre des Morts – Timecrimes – Dark Floors – Triangle

France, 2008
Réalisation: Alfred Lot
Scenario: Alfred Lot
Avec: Mélanie Laurent, Eric Caravaca, Gilles Lellouche, Jonathan Zaccai

Résumé : Lors d’une virée nocturne, deux chômeurs lillois renversent accidentellement un homme. Ils découvrent avec stupeur que celui-ci transportait une mallette pleine de liquide. Apres quelques hésitations, ils décident de dissimuler le corps et de garder l’argent. Le lendemain, la police découvre le corps d’une fillette à proximité du lieu de l’accident. Ils apprennent très vite que le père de l’enfant était censé apporter une rançon la veille au soir, mais a disparu depuis. L’affaire se corse lorsqu’une nouvelle fillette est enlevée. De toute évidence, le kidnappeur est en train de devenir un tueur en série…

Thriller sorti en 2007 dans les salles obscures, La Chambre des Morts constitue un parfait exemple des tares du cinéma français moderne. Pourtant, sur le papier, le projet était plutôt alléchant : une histoire de tueur en série prenant pour cadre le Nord sinistré, voila qui laissait espérer une bonne histoire, avec une touche « à la française ». Mais bien évidemment, la réalité est loin d’être aussi idyllique, tant le film collectionne la plupart des défauts les plus agaçants du cinéma franchouillard.

Commençons par le principal problème, l’interprétation. A la base, Mélanie Laurent est loin d’être une des meilleures actrices françaises actuelles, mais à côté du reste du casting, elle brille presque de façon exceptionnelle. Les personnages de flics notamment sont totalement ratés, leurs dialogues sont creux et sonnent totalement faux (c’est bien simple, on a la plupart du temps l’impression que les acteurs lisent leur texte plus qu’ils ne le jouent). Seul Gilles Lellouche tire son épingle du jeu dans le rôle du pauvre homme torturé par ses erreurs. La réalisation n’est bien évidemment pas en reste, puisque d’une part l’image est d’une laideur hallucinante (mis à part les scènes dans le repère du tueur) et d’autre part, le tout est filmé avec une platitude exceptionnelle, à tel point qu’on se croirait dans un épisode de Julie Lescaut.

Et puis forcément, vu qu’on est dans un film français, il faut du social, même si ça n’est pas le sujet. Impossible de faire un pur film de genre, ce serait trop vulgaire ma bonne dame. Alors on part dans tous les sens, en faisant de l’héroïne une mère célibataire (de jumeaux en plus !) qui s’assume mais aimerait tout de même bien avoir un amoureux, on parle de ces vilaines entreprises diaboliques qui licencient les pauvres travailleurs (qui du coup se retrouvent à habiter dans une maison pas terminée). Bref, une fois de plus on fait d’un simple thriller un manifeste social histoire de contenter les bobos parisiens qui veulent du sens. Mais à côté de ca, le film propose un rythme lénifiant (les flics passent vraiment pour des incapables), et aligne les incohérences et rebondissements téléphonés bien appuyés pour que tout le monde comprenne (l’étagère secrète de l’héroïne cachant la clé de son passé, que tout le monde avait devinée au bout de 5 minutes, mais qui pourtant n’a aucune incidence sur le déroulement de l’histoire).

En clair, La Chambre des Morts est un ratage quasi intégral, et pour une fois on se prend à espérer qu’Hollywood en produise un remake…

Note : 2/10


Timecrimes (Los Cronocrimenes)

Critiques en vrac 16: La Chambre des Morts – Timecrimes – Dark Floors – Triangle

Espagne, 2007
Réalisation: Nacho Vigalondo
Scenario: Nacho Vigalondo
Avec: Karra Elejalde, Bárbara Goenaga, Jon Iciarte, Candela Fernández, Nacho Vigalondo

Résumé : Hector (Karra Elejalde) est en train de se relaxer dans son jardin, lorsqu’il aperçoit dans les bois environnants une jeune femme en train de se dévêtir. Une fois sa femme partie faire quelques courses, il décide d’aller voir de plus près. Il retrouve la jeune fille, inconsciente et nue. A ce moment, il se fait attaquer par un inconnu masqué qui lui plante une paire de ciseaux dans le bras. Paniqué, Hector se refugie dans le centre de recherche scientifique voisin…

Quatre acteurs, trois bâtiments, une forêt, c’est tout ce qu’il faut à Nacho Vigalondo pour réaliser un excellent film fantastique traitant de voyages dans le temps. Timecrimes est réellement une excellente surprise, un film ludique et bien pensé, au scenario diabolique. Vigalondo, à la fois réalisateur et scénariste, parvient à présenter de façon très simple à l’écran une histoire somme toute assez compliquée impliquant paradoxes temporels et doubles. Il réussit dès les premières minutes à accrocher l’intérêt du spectateur grâce à des éléments étranges et a priori inexplicables (la femme qui se déshabille dans les bois, l’agresseur masqué, le scientifique qui semble en savoir plus qu’il ne le dit). Et petit à petit, grâce à un scenario rigoureux et retords, toutes les pièces du puzzle se mettent en place et expliquent les événements présentés en introduction. Le film parvient même à éviter la répétition fastidieuse (les événements sont en effet revus trois fois de suite de trois points de vue différents) et à garder un rythme constant grâce au savoir-faire du jeune réalisateur. Mais la plus grande force du film, c’est de ne jamais perdre son spectateur dans des théories fumeuses et des rebondissements compliqués. Tout est clair du début à la fin, et on termine le film en ayant absolument tout compris et sans se poser de questions sur ce qui a été présenté.

Timecrimes est donc définitivement une excellente surprise, qui prouve une fois de plus que même avec peu de moyens on peut accoucher d’une œuvre de SF ambitieuse et intelligente. Il suffit juste d’avoir des idées…

Note : 8/10


Dark Floors

Critiques en vrac 16: La Chambre des Morts – Timecrimes – Dark Floors – Triangle

Finlande, 2008
Réalisation: Pete Riski
Scenario: Pekka Lehtosaari
Avec: Lordi, Kita, Amen, Ox, Awa, Skye Bennett, Noah Huntley

Résumé : Un groupe de personne se retrouve coincé dans l’ascenseur d’un hôpital. Lorsque les portes finissent par s’ouvrir, ils s’aperçoivent que le bâtiment est déserté et que le temps semble figé. De plus, de mystérieuses et inamicales créatures rôdent dans les couloirs…

Lordi. Le groupe qui l’espace d’un show a réussi à réveiller l’Eurovision et à nous venger de toutes ces années de soupe insupportable et d’artistes immédiatement has been que le « fameux » concours promeut. Il faut dire qu’avec leurs costumes de monstres en joli latex et leur rock énervé, les membres du groupe finlandais faisaient tâche au milieu de tous ces minets et ces petites pétasses qui se trémoussent habituellement sur scène. Grands fans de films d’horreurs, les membres du groupe ont toujours rendu des hommages appuyés au genre dans les clips de leurs chansons. Il était donc logique qu’à un moment ou un autre ils finissent par sauter le pas et se mettre en scène dans un vrai film. C’est ainsi qu’est né Dark Floors, film très attendu par les fans du groupe.

Mais malheureusement, comme souvent, les meilleures intentions du monde ne suffisent pas à accoucher d’une œuvre de qualité. Dark Floors s’avère en effet décevant à quasiment tous les niveaux. Script confus dont on ne comprend pas les tenants et aboutissants (que veulent les monstres exactement ?), interprétation limite, et surtout sous-exploitation des membres du groupe. Le film devrait les mettre en vedette, mais en fait les membres du groupe n’apparaissent que furtivement à l’écran (2-3 minutes chacun), ce qui s’avère très frustrant. Et que propose le film à la place ? De longues, très longues séquences d’exploration dans les couloirs déserts de l’hôpital… Alors certes, le film propose une esthétique léchée, avec des images rappelant les meilleurs moments de Silent Hill, mais ça ne suffit pas à sauver le film de l’ennui total dans lequel il plonge peu à peu le pauvre spectateur. On appelle ça une déception…

Note : 3/10


Triangle

Critiques en vrac 16: La Chambre des Morts – Timecrimes – Dark Floors – Triangle

Royaume-Uni, 2009
Réalisation: Christopher Smith
Scenario: Christopher Smith
Avec: Melissa George, Liam Hemsworth, Emma Lung, Rachael Carpani, Michael Dorman, Henry Nixon

Résumé : Un groupe d’amis part pour une virée en bateau lors d’un après-midi ensoleillé. Un voyage qui tourne au cauchemar lorsqu’une soudaine tempête fait se retourner le bateau. Heureusement pour eux un paquebot passe rapidement à proximité et les récupère à son bord. En explorant le bateau, les naufragés doivent vite se rendre à l’évidence : l’énorme vaisseau est vide de ses occupants…

En seulement deux films, Christopher Smith s’est imposé comme l’un des réalisateurs de genre les plus prometteurs du moment. Après s’être attelé par deux fois au survival, une fois de façon très sérieuse (Creep) et une fois dans le registre de l’humour (l’excellent Severance), il s’intéresse cette fois-ci au thème des boucles temporelles.

Triangle raconte donc le calvaire vécu par Jess (Melissa George), une jeune femme coincée dans une boucle temporelle se répétant indéfiniment. Mais le pire dans tout ça, c’est qu’elle assiste impuissante à l’assassinat de ses amis par une mystérieuse personne cagoulée. Une personne cagoulée, des boucles temporelles, une histoire de doubles, voilà qui doit vous rappeler quelque chose, si vous avez lu tout cet article. Car si selon les dires de Christopher Smitth il lui a fallu deux ans pour rédiger le script du film, il semblerait bien qu’il se soit très fortement inspiré de l’excellent Timecrimes de Nacho Vigalondo, chroniqué plus haut. Timecrimes qui est justement sorti il y a deux ans. Coïncidence ? Peu probable vu les ressemblances vraiment frappantes entre les deux œuvres. Et malheureusement pour Smith, la comparaison est loin de tourner à son avantage. Car il tombe dans à peu près dans tous les écueils que son confrère espagnol a habilement su éviter. Triangle est donc assez répétitif, lent, et souvent difficile à suivre. Mais surtout, il comporte une énorme incohérence scénaristique qui plombe totalement le film et ruine tous les éléments méticuleusement mis en place. Impossible ensuite de suivre sereinement le film tant ce problème est embarrassant.

Le film s’éloigne finalement de son modèle officieux sur la fin, mais le twist final est malheureusement vu et revu (on pourrait citer au moins une dizaine de films des années 2000 proposant le même twist), ce qui finit de plomber le tout. Reste tout de même une bonne performance de la jolie Melissa George, qui est en train de se bâtir une carrière solide dans le cinéma de genre, même si ce n’est pas toujours dans de très bons films (30 Jours de Nuit, WAZ, Paradise Lost…).

On espère donc que ce n’est qu’un accident et que Smith se rattrapera vite avec le très prometteur Black Death

Note : 4/10


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