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Avant-première : "Away we go" de Sam Mendes

Par Alban Ravassard

Il aura fallu du culot, du talent mais aussi une bonne dose de courage à Sam Mendès pour revenir après le summum dramatique des « Noces Rebelles » avec une comédie poétique parfois teintée de gravité : « Away we go ». Alors oui, ce bond d’un genre à l’autre pourra en surprendre plus d’un tant Sam Mendès livre un film qui est le parfait contrepoint de son œuvre précédente.

Là où ses « Noces rebelles », portées par le couple mythique Di Caprio/Winslet se présentaient comme un petit bijou de noirceur quotidienne, comme un cauchemar (sub)urbain, « Away we go » porté par un couple de quasi inconnus (surtout comparés) au couple mythique cité auparavant), lui, semble en être le parfait négatif. Même s’il s’agit à nouveau de l’histoire d’un couple face à ses doutes et à l’épreuve du quotidien, ici humour, joie et poésie viennent teinter ce voyage.

 

« Away we go » conte le road trip doux-amer d’un couple en pleine crise de la trentaine. Ce voyage se vit comme un parcours initiatique chaleureux et accessible. Sam Mendès y voit l’opportunité d’y confronter ses protagonistes à toute une galerie de personnages que l’on jurerait sortis tout droit d’une comédie absurde à la Wes Anderson. Non loin d’être caricaturaux, les personnages sont néanmoins situés sur le fil, traités avec justesse, et non sans une certaine émotion pour certains, par le réalisateur ce qui leur confère une puissance dramatique (dans le sens premier du terme, c'est-à-dire dramaturgique) ahurissante. Quoi qu’il arrive, il est impossible de rester de marbre devant ce défilé cocasse, imaginatif et enlevé.

C’est avec un formidable sens du rythme que Sam Mendès orchestre cette comédie, aidé en cela par une écriture fine et précise, débordante de bons mots et de situations exemplaires. Mais même si l’on rit beaucoup, l’émotion plus intime, plus dramatique, elle, se présente à nous sans prévenir. Et l’effet de surprise joue pour beaucoup dans la justesse des émotions données à vivre à travers le destin de certains personnages.


On se surprend alors à rire puis, la seconde d’après à être touché en plein cœur par une vague intense d’émotion. C’est bien là que le véritable génie de Mendès se révèle, dans ces moments de bascule où la vie rattrape ses protagonistes et vient fermement les ancrer dans leur réalité. Loin d’être aussi pessimiste que dans son long-métrage précédent, le réalisateur s’applique à mettre en valeur l’espoir auquel se raccrochent les personnages, rendant ainsi les scènes traitées de manière plus grave, d’autant plus touchantes.

Même si l’on sera en droit, et à juste titre d’ailleurs, de préférer la maestria des « Noces rebelles » à ce sympathique « Away we go », il serait stupide de nier que Sam Mendès réalise ici un nouveau tour de force en embarquant notre cœur sur la route avec son couple de protagonistes. Entre poésie et gravité, le réalisateur américain ne cesse de nous mettre face à nos propres doutes, nos espoirs, nos rêves, en deux mots : la vie. Touchant.


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