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Casanegra : critique

Par Rom_j

A Casablanca, Karim et Adil sont prêts à tout pour réaliser leurs rêves, jusqu’à travailler pour le ponte de la mafia locale, Zrirek. Voilà un pitch qu’on a du entendre des dizaines de fois et qui a déjà été visité par tellement de grands qu’on se demande ce que peut faire Nour-Eddine Lakhmari, qui en est à son deuxième film. Détrompez-vouz, et moi le premier : Casanegra est loin d’être sans défauts, mais il y a du talent dans tous les aspects de ce film.

casanegra

D’abord, Lakhmari n’a pas la caméra dans sa poche. Dès le générique, on comprend son ambition, filmer autant la ville que ses personnages, toujours dans cette teinte sombre, proche du noir et blanc, qui enveloppe le film. La ville, appelée parfois Casablanca, parfois Casanegra, est autant aimée que haïe par les deux personnages principaux.

Ces deux jeunes, très différents, sont animés par le même but : possédés par la ville et ses galères, ils veulent reprendre le dessus. L’un en devenant un de ces nantis qu’il croise à l’entrée des boîtes de nuit, le cigare à la main et le regard détaché de tout souci. L’autre, en quittant le pays pour une destination exotique, la Suède, dont il ignore tout mais rêve chaque nuit.Évidemment, ils sont inséparables mais très différents, entre le ténébreux à sang chaud et le rêveur généreux. Leur entourage vit tant bien que mal dans cette ville à laquelle ils se sont accommodés.

On rencontre ainsi des personnages hauts en couleurs, comme ces deux receleurs avec leurs lunettes bizarres, ou ces vagabonds complètements stone qui haranguent nos deux héros. Tous les rôles sont interprétés à la perfection, sauf peut-être Zrirek – Mohamed Benbrahim – qui en fait parfois un peu trop.

C’est une critique qu’on peut faire sur l’ensemble du film : d’abord, Lakhmari se regarde un peu trop filmer, notamment lors des travelling sur Karim qui marche dans la rue, trop nombreux dans le film. La bande-son aussi est bien fichue mais souffre de quelques lourdeurs. L’histoire, enfin, a du mal à se renouveler dans sa deuxième moitié, d’où les répétitions visuelles et sonores. Défauts que l’on retrouve dans Mean Streets de Scorsese…

Malgré cela, Casanegra est un vrai régal, il nous plonge dans cet univers qui n’est hostile qu’à ceux qui ne le connaissent pas, il nous attache à des personnages forts bien que classique, et nous délecte de cet humour noir, sans espoir, qui parsème le film.

Des films marocains, à vrai dire, ça ne court pas les salles françaises. La faute à une industrie locale longtemps sinistrée, mais qui semble connaître un certain renouveau. Si c’est pour nous fournir des films de la qualité de Casanegra, c’est quand vous voulez.


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