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Nicolas Sarkozy à Poligny : «Je ne suis pas venu vous tenir un discours que vous avez déjà entendu»… et pourtant : Bis repetitas !

Publié le 30 octobre 2009 par Kamizole

sarkozy-poupee-dun-ventriloque-poligny-27-oct-2009.1256887537.jpgJe me suis endormie pour une sieste réparatrice hier après-midi sur ces paroles entendues sur France-Info… J’étais bien trop fatiguée pour me relever et les noter – je venais de lire le contraire sur Le Monde ! Nicolas Sarkozy prononce un discours “copié-collé” sur l’agriculture - mais je m’en suis heureusement souvenue à mon réveil.

Là aussi, une petite chanson de Brigitte Fontaine me trotte dans la tête : «L’argent, l’argent, l’argent. Toujours le vieux discours. Soit divin soit humain. Idem le baratin. Jusque dans les vécès. J’en peux plus par pitié (…) Les mémés les plus louches N’ont que ça à la bouche. Oh de grâce arrêtez de vous badigeonner De cette pub idiote. J’en ai plein la culotte»

Il m’est fort plaisant de lire sur 20 minutes que Nicolas Sarkozy (est) «un ventriloque qui prononce des choses qui ne viennent pas de lui», même si ce n’est pas dans le sens où l’entend l’article : Nicolas Sarkozy parle «l’ultra-libéralisme» comme moi le français ou parfois le solognot et se fait l’interprète des ordre venus des multinationales et de Bruxelles.

Les commentateurs s’étaient focalisés sur la référence quasi pétainiste «à la terre»… sans oser jusqu’à affirmer «qu’elle ne mentait pas» ! mais ce n’en fut pas loin : “Le mot ‘terre’ a une signification française et j’ai été élu pour défendre l’identité nationale française”… En pleine polémique provoquée par la proposition d’Eric Besson d’engager un grand débat sur «l’identité nationale».

Personne n’avait relevé que Nicolas Sarkozy balbutiait – à l’image de sa conception réactionnaire et raciste de l’histoire ? - jusqu’à ce le «Petit Journal» de Canal + remarque les similitudes avec un précédent discours tenu dans une ferme – présentée à l’époque comme «modèle» par Le Figaro Sarkozy fixe le cap agricole de la France à Daumeray dans le Maine-et-Loire, le 9 février 2009, en avant-goût de l’ouverture du Salon de l’Agriculture… Je me souvenais d’autant plus de cet épisode que Le Monde Avant le Salon de l’agriculture, M. Sarkozy va à la ferme n’avait pas manqué de signaler que ce petit village – 1600 habitants – avait été transformé en véritable «camp retranché» avec pas moins de 700 CRS ! Des fois qu’il ait pris envie au visiteur du Salon de l’Agriculteur traité l’année précédente de «pôv con» par notre très distingué Président de la République de venir lui rendre la pareille… Hein ?

Le Sarko serait usé, de même que ses équipes – décimées et sans doute «étêtées» ! - qui n’auraient plus ni le feu sacré ni la même énergie. Soit. D’ailleurs, sur la photo qui immortalise l’événement, il me paraît bizarre, presque absent, les yeux dans le vague, même pas le rictus qui lui sert d’habitude de sourire, comme dans un état second. Il semble se demander ce qu’il fiche là. Une belle potiche plantée en avant d’autres figurants.

Je ne peux m’empêcher de penser à ce que je lus il y a peu dans un article de Médiapart : Nicolas Sarkozy n’a plus la gnaque et a perdu l’énergie inextinguible qui le faisait bondir et rebondir partout et sur tous les sujets : il continue de sauter sur tout ce qui bouge, mais sans la même conviction. Par habitude et parce qu’il ne sait rien faire d’autre.

L’animal se «dé-plume» et ses «nègres» d’aujourd’hui se contentent d’abouter des morceaux d’anciens discours, ses idées fixes n’ayant pas changé. Mais sans doute est-il aussi à bout d’inspiration, ayant déjà dit tout et son contraire à force de vouloir faire des discours à tire-larigot. Le prestidigitateur n’a plus rien de neuf à sortir de son chapeau et à force d’avoir trop servi la baguette magique est tombée en panne de Duracell.

La seule innovation rapportée par Le Monde consisterait dans de nouvelles promesses faites par Nicolas Sarkozy… un plan d’un milliard d’euros de prêts bancaires à taux bonifiés et 650 millions d’euros d’aides supportées par les finances publiques. A ce train là, d’ici la fin du mandat de Nicolas Sarkozy le déficit budgétaire atteindra vraisemblablement au moins 200 % du PIB !

Ses promesses seront-elles mieux tenues que toutes les précédentes ? c’est une autre paire de manches et seul l’avenir nous le dira. Nous le savons en effet point avare d’effets d’annonce, à défaut de pépètes sonnantes et trébuchantes.

Tout le monde se souvient du milliard d’aides promis par Michel Barnier, alors ministre de l’Agriculture : déjà 600 millions d’euros de prêts bonifiés et 400 millions de subventions - aux sylviculteurs landais après le passage dévastateur de la tempête Klaus le 24 janvier 2009. Or, j’avais entendu début août sur France-Info que 6 mois plus tard, ils n’avaient toujours rien touché… Les sylviculteurs attendent toujours les aides promises après la tempête… Je ne saurais dire s’ils les ont – enfin ! – perçues.

C’est d’ailleurs un des symptômes du fort polymorphe «Syndrome de Sarkozy» que cette croyance qu’il suffit de parler pour que les problèmes soient réglés ipso facto : révélatrice d’une «mentalité magique» qui est le fait en règle générale des enfants et des personnes qui à défaut de pouvoir supporter la réalité quand elle est trop difficile, s’évadent dans le rêve. Mais les agriculteurs, comme d’ailleurs tout le monde en général commencent à en avoir marre d’être payés de mots : c’est pas ça qui nourrit son homme !

Nicolas Sarkozy a bondi à Poligny – il eût été trop banal et pas assez dispendieux qu’il s’exprimât depuis l’Elysée ! sans doute est-il devenu accro à l’avion ? – parce qu’après la grève des producteurs de lait – 15 jours et combien de litres de lait déversés dans la nature… quel gaspillage ! – c’est l’ensemble de la profession agricole qui fait part avec colère de ses difficultés à survivre avec les prix consentis par la grande distribution et les multinationales de l’agro-business.

Beaucoup envisagent avec inquiétude d’être obligés de mettre la clef sur la porte. Il y a déjà eu des suicides de paysans poussés à bout par le marasme et l’absence de perspectives.

A Daumeray, Nicolas Sarkozy avait eu le toupet d’affirmer «qu’Il nous faut une action cohérente pour permettre à chaque agriculteur de vivre du fruit de son travail»… Quelle cohérence y a-t-il dans leur politique de gribouille quand deux lignes plus loin je lis qu’il s’agissait «pour l’Etat de redistribuer à nouveau dans le budget agricole 2010 les crédits qu’il avait prévu d’annuler dans le cadre de la RGPP (révision générale des politiques publiques), c’est-à-dire près de 300 millions d’euros» ?…

Faire, défaire, rétropédaler. Dans tous les domaines. Nicolas Sarkozy n’a aucunement la dimension d’un chef d’Etat si l’on entend par cela une personne dotée d’une vision globale et cohérente, quand bien même y serait-on opposé. De Machiavel, il n’a retenu que «la fin justifie les moyens» et tous les coup tordus que cela suppose mais nullement «gouverner, c’est prévoir» autrement important quand on prétend diriger une nation.

Il n’a qu’une obsession : gratter l’argent partout où il se trouve. Ensuite de quoi il se transforme en une sorte de pompier-pyromane armé d’un seau d’eau de plage pour éteindre l’incendie d’une forêt qui menace les habitations aux alentours. Grotesque autant que pitoyable !

Je ne partage pas du tout la conception «industrielle» de l’agriculture prônée par Nicolas Sarkozy, en droite ligne de l’ultralibéralisme bruxellois. Il considère que l’agriculteur doit être “un chef d’entreprise qui doit s’adapter en permanence au climat, aux marchés, aux technologies, aux réglementations.”

Nous en crèverons tous ! D’abord les agriculteurs qui disparaissent les uns après les autres au profit de grandes entreprises latifundiaires. Ensuite, nous, les consommateurs qui n’auront plus que la «malbouffe» produite à grande échelle pour tout brouet. Sans oublier la planète et la civilisation.

J’ai écrit dernièrement - au sujet de la “Douce France” de Frédéric Lefebvre que «la malbouffe de l’agro-business qui leur coûte peau de balle mais à nous la peau des fesses engraisse les grandes surfaces et les multinationales de l’industrie pharmaco-chimique : engrais, pesticides, médicaments pour engraisser plus rapidement les animaux, et la kyrielle d’additifs alimentaires qui nous fera crever». Je n’en démords pas : je persiste et signe !

Il n’est d’autre solution que le retour à une agriculture «à taille humaine» respectueuse de l’environnement et de saines pratiques. Si la PAC peut avoir encore un sens, cela ne peut être qu’en encourageant les petits exploitants et non les énormes exploitations.

Ce qui n’est bien entendu pas le credo de la FNSEA qui a le culot de prétendre prôner une «agriculture raisonnée» quand elle continue dans les faits d’encourager au-delà de tout bon sens et donc de la droite raison les pratiques les plus aberrantes de l’agriculture intensive et le l’hyper-productivisme.Et ne cesse d’encourager les grosses exploitations à toujours davantage s’agrandir au détriment des jeunes agriculteurs qui cherchent désespérément à s’installer.

On se croirait revenu à l’époque dont parle Pierre-Jaquez Hélias dans «Le cheval d’orgueil» (Terre Humaine, Plon 1975) “Mémoires d’un Breton du pays bigouden”) lorsqu’il narre comment ses parents, agriculteurs modestes mais farouches travailleurs, réussirent à force d’économies et de privations, à acquérir une petite maison et un lopin de terre, arrachés on ne sait par quel miracle au nez et à la barbe de propriétaires rapaces déjà plus que pourvus qui en furent non seulement marris mais fort mécontents.

Le pire étant bien évidemment que les grosses firmes de l’agro-business – celles qui «baisent» les agriculteurs et les consommateurs plus vite que leur ombre… excusez ma vulgarité mais elle est à la mesure de ma colère ! – se taillent la part du lion dans la distribution des subventions reçues du fait de la PAC. Au titre des exportations. Je n’en vois pas la raison.

Mais nous atteignons le summum quand de surcroît elles trouvent le moyen de trafiquer pour toucher encore plus de flouze. Ne croyez pas que ce soit une vue de mon esprit. De tels trafics ne sont pas nouveaux qui consistent à faire passer artificiellement les frontières communautaires à certains produits pour toucher les subventions de Bruxelles. Certaines cargaisons ont été ainsi acheminées dans le passé deux ou trois fois au-delà des frontières de l’Union européenne avais-je déjà lu à plusieurs reprises.

Or, cela vient de se reproduire dernièrement, selon un article du Figaro du 27 octobre 2009 L’Europe met au jour une fraude sur le marché du sucre pour un montant non négligeable annoncé dans le chapeau de l’article : “Des subventions, s’élevant à 67 millions d’euros, versées au secteur sucrier entre 2005 et 2008 sont irrégulières”… Les agriculteurs pourront apprécier car il est bien évident que ces sommes sont allés aux industriels du secteur et non à ceux qui produisent les betteraves sucrières !

C’est une société belge qui cette fois a été prise la main dans le sac. «Pendant trois ans, des camions chargés de sucre ont suivi une route tortueuse allant de Belgique à la Croatie, en faisant un étrange crochet par Kaliningrad. Des milliers de kilomètres en plus qui ne s’avéraient pas inutiles, car en prétendant que la Russie était la destination finale de la livraison, les industriels pouvaient empocher de coquettes sommes versées par l’Union européenne au titre des «restitutions à l’exportation». La juteuse combine aurait rapporté quelque 3 millions d’euros à ladite société belge avant que le pot aux roses ne soit découvert en 2008, selon l’International Herald Tribune».

Le sucre serait particulièrement l’objet de combines de toutes sortes – y compris la «contrefaçon» par adjonc-tion de thé ! ou de mélange avec du sucre de canne qui paraît-il serait moins cher. Qui plus est, les groupes sucriers – très souvent de grandes multinationales - toucheraient actuellement beaucoup d’argent de Bruxelles notamment à cause de la restructuration en cours dans le secteur pour réduire la production : l’an dernier, «l’UE aurait versé 1,3 milliards d’euros de subventions en échange de la cessation d’activités. En plus des quelque 500 millions d’euros de restitutions aux exportations, versées pour compenser les différences entre les prix communautaires et les prix mondiaux».

Que l’argent de la PAC aille aux multinationales qui se contentent de stocker, emballer, transporter - et parfois transformer mais en les dénaturant pour en faire de la vraie merde - vendre les produits issus de l’agriculture, c’est bien entendu aussi aberrant qu’intolérable.

Ne croyez pas que je m’insurge contre toutes ces pratiques et la vision «industrielle» de l’agriculture par simple intérêt intellectuel, politique, économique ou écologique, ce qui est déjà évident. Je me suis de toujours sentie profondément attachée à la glèbe par mes origines paysannes. Je ne plaisante nullement quand j’affirme que j’ai encore dans mes sabots la paille qu’y devaient mettre mes aïeux.

J’ai beau avoir vécu en ville depuis mon enfance, la campagne a toujours été le lieu où je me sentais le mieux, quand bien même fût-ce pour des vacances, avec parfois des séjours assez prolongés. Comme je suis incapable de rester inactive quand tout le monde travaille autour de moi, je n’ai jamais répugné à prêter la main pour divers travaux et tâches. Je n’aime pas les oies car ce sont des bestioles très agressives et j’en ai des souvenirs cuisants sur mes petites guiboles qui remontent à mes 4 ans ! Sinon, planter des pommes de terre, cueillir des haricots verts, nourrir les lapins et les poules, chercher leurs œufs, rentrer du bois. Je sais même faucher.

Cet attachement a quelque chose que je qualifierais de sensuel. Je ne peux expliquer autrement l’impression de bien-être qui me saisit quand je me promène dans la campagne, surtout à la nuit tombante lorsque l’on vient d’épandre du fumier sur les champs. Je sais que c’est un souvenir qui remonte à mes 2 ans quand avec mes parents nous passâmes 15 jours ou 3 semaines dans le Nivernais chez des cousins de mon père. Certains trouvent l’odeur nauséabonde. Pour moi c’est un parfum ! que je n’irais tout de même pas jusqu’à me mettre sur la peau…

:)

J’ai ressenti quelque chose qui participe de cette sensualité il y a quelques semaines en me promenant dans la campagne autour d’un village où j’avais accompagné une amie qui y avait une démarche à faire et pendant que je l’attendais. Je n’ai pas voulu trop m’éloigner par peur de me perdre et j’ai marché pendant un tout petit kilomètre avant de rebrousser chemin par la même petite route.

Je ne saurais décrire l’impression de plénitude et la profonde sérénité qui m’envahit dès que j’eus dépassé les dernières maisons. Contrairement à mon habitude, j’adoptai un pas lent pour (m’)absorber dans la contemplation du paysage en même temps que je humais profondément toutes les odeurs familières pour m’en imprégner. Quelque chose qui procédait des souvenirs accumulés depuis mon enfance et, pourquoi pas ? generation to generation…

Je n’avais jamais vu ce village ni a fortiori ses alentours. Mais j’avais l’impression de connaître tous les paysages que je voyais s’étaler au loin et à la croisée d’un chemin que j’eus volontiers emprunté si j’avais disposé de temps, il me semblait déjà savoir quelle autre route ou chemin de rencontre me ramènerait sans coup férir au village.

Au retour, je me suis longuement attardée devant les petites exploitations. J’espère que si des personnes m’ont vue, elles n’auront pas pensé que je faisais des «repérages» en vue d’un cambriolage ! Là aussi, la même impression de «déjà vu»… Dans telle petite prairie, deux chevaux. Ailleurs une vache. La-bas, un cochon qui n’était pas très gros. Des poules en liberté, plus loin des canards, et même une oie mais celle-ci ne vint pas m’agresser. Sans oublier quelques bâtiments un peu branlants, des cabanes faites de bric et de broc, un beau désordre de vieilleries accumulées et rouillées que j’ai toujours connues.

La vraie campagne, quoi ! Et je ne pus en même temps m’empêcher d’avoir le cœur un peu serré en pensant qu’un jour les technocrates de France et de Navarre, avec leurs complices de Bruxelles, sans oublier le Sarko malfaisant et ses amis de la grande distribution, des multinationales, risquent de faire disparaître toute cette vie d’un seul trait de plume. Pour nous donner un ersatz de campagne, avec malbouffe garantie à la clef. Désolant !


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