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AMOURS ESTIVALES - 7. PRAGUE : JOSEFOV (Première partie : Considérations générales)

Publié le 31 octobre 2009 par Rl1948
     Il est l'heure !
AMOURS ESTIVALES - 7. PRAGUE : JOSEFOV (Première partie : Considérations générales)
 
    Laquelle, me demanderez-vous, en scrutant le cadran hébraïque aux aiguilles tournant dans le sens inverse de celles de l'horloge qui le surplombe sur le fronton de l'ancien hôtel de ville juif ?
     L'heure de nous rendre en fait, après avoir admiré samedi dernier un autre système, astronomique celui-là, agrémentant la face sud de l'hôtel de ville de Staré Mesto, dans Josefov.
     C'est en hommage aux prises de position en leur faveur instaurées par Joseph II, à l'extrême fin du XVIIIème siècle, que ce nom fut attribué par la Juifs pragois à ce quartier.
     Quelques précisions historiques seront, je pense, ici les bienvenues pour mieux en comprendre l'origine.
     De nombreux Juifs ayant fui leur terre d'élection vivaient un peu partout dans la ville dès le milieu du Moyen Âge ; diaspora nécessitée par les mesures discriminatoires encourues depuis des siècles par cette communauté, et sur lesquelles, évidemment, il n'est nul besoin de m'attarder ici ...
     Deux ou trois points, néanmoins, pour recadrer. Au tout début du XIIIème siècle, tristes prémices, un premier concile, celui de Latran, bientôt suivi par celui de Narbonne, souhaite qu'un signe particulier puisse  différencier un Juif d'un Chrétien.
     Et en
1269, le "bon" roi Louis, le dévot Louis IX, roi de France - par ailleurs canonisé 27 ans après sa mort par l'Eglise catholique ! -, entérine ces recommandations conciliaires en intimant aux Juifs l'ordre d'arborer des détails vestimentaires distinctifs : ce seront un bonnet spécial pour les femmes, et ... le port de la rouelle - étoffe de couleur jaune (déjà) -, pour les hommes. En outre, ils devront cesser de vivre parmi les Chrétiens : le concept de ghetto était né !
Je dois toutefois à la vérité historique d'ajouter que le terme lui-même n'apparut qu'au début du XVIème siècle, dans la République de Venise.
     Les Juifs de Prague, comme de bien d'autres villes par le monde d'ailleurs, furent donc contraints soit de se convertir au christianisme, soit de se rassembler  : en l'occurrence, ici, ce sera sur la
rive droite de la Vltava, approximativement à partir de l'actuelle Place de la Vieille Ville jusqu'au méandre de la rivière, au nord, et de part et d'autre de l'artère aujourd'hui appelée Parizska, l'Avenue de Paris.
     Ils vécurent là des heures souvent sombres jusqu'au règne de Joseph II, empereur d'origine autrichienne, frère de la reine de France Marie-Antoinette, à l'extrême fin du XVIIIème siècle. Disciple convaincu des philosophes français de son temps (ce temps que l'Histoire retient sous le vocable de "Epoque des Lumières"), Joseph II entend gouverner selon les principes de la Raison. Certes, des réactions patriotiques opposées à ses intentions brideront ses tentatives de réformes. Mais il n'en demeure pas moins que les Tchèques en général - (il procède notamment  à l'unification des différents quartiers de la ville, promulgue un code civil, abolit la peine de mort, ainsi que la censure et décide de ne conserver ouverts que les couvents qui se sont donné mission d'éduquer des enfants ou de prodiguer des soins aux malades) -, et
les Juifs en particulier, vis-à-vis desquels il élimine définitivement les anciens arrêtés à connotation discriminatoire, lui seront désormais acquis.
     En outre, et ce n'est pas la moindre de ses réformes à leurs yeux : le temps de son seul règne malheureusement, il diminue les impôts et remplace la médiévale corvée imposée aux paysans jadis asservis et qu'il a déliés de cette mainmise, par un prélèvement soit en nature, soit en argent.
     A l'origine d'une véritable amélioration de leurs conditions de vie, Joseph II fut  donc considéré, de son vivant déjà, comme un bon souverain par les Tchèques. Non seulement, ils lui consacrèrent maints poèmes et fervents chants patriotiques, mais ce quartier de la ville porte désormais fièrement son nom.

     Josefov, c'est là que je vous propose de nous rendre dès à présent, ami lecteur, après avoir quitté la  tour de l'hôtel de ville de Staré Mesto et ses centaines et centaines de touristes qui, chaque heure de 9 à 21, se massent devant les personnages qui s'animent.
Débouchons directement sur la Place de la Vieille Ville proprement dite et prenons immédiatement la direction, sur notre gauche, entre le monument élevé à la mémoire de Jan Hus et la façade blanche ouvertement baroque de l'église hussite Saint Nicolas, de la grande avenue de Paris.
AMOURS ESTIVALES - 7. PRAGUE : JOSEFOV (Première partie : Considérations générales)

     Puis, après avoir simplement léché les vitrines des boutiques de grand luxe sans en avoir poussé la porte,  pénétrons dans la petite rue de la synagogue Vieille-Nouvelle, sur notre gauche : nous sommes dès à présent au coeur même du quartier juif, devenu lui aussi, depuis quelques travaux de démolition et de reconstruction bien nécessaires à la fin du XIXème siècle, l'un des hauts lieux du tourisme pragois.
AMOURS ESTIVALES - 7. PRAGUE : JOSEFOV (Première partie : Considérations générales)
     Dissuasifs ? Je ne sais ... Quoiqu'il en soit, ils  seront quasiment la première présence que nous remarquerons en entrant dans la ruelle médiévale.
Mais peut-être ne sont-ils prévus là que pour renseigner le touriste ... ou surveiller le jeune rabbin qui a disposé je ne sais quel petit matériel sur sa table pliante ?
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     Persuasif, lui ? Prosélyte ? Probalement pas ...
     Néanmoins, j'ai là assisté à une scène particulière : trois jeunes touristes, des Américains à n'en point douter, s'arrêtent devant la table et comme si c'était tout à fait logique,  - et, probablement, l'était-ce -, sans même avoir besoin de converser, l'un d'entre eux tend son bras gauche au rabbin. Celui-ci l'enveloppe, ainsi d'ailleurs que son front, de cordelettes de cuir au bout desquelles pend une petite boîte : il s'agit en fait,  comme je l'apprendrai un peu plus tard dans la journée en visitant
l'exposition présentée à la synagogue Klausen, du port des "téfilines", lanières de cuir et boîtiers noirs contenant des petits rouleaux de parchemin sur lesquels sont inscrits des versets de la Torah, ce texte fondateur du judaïsme.

     Ici, le jeune homme lira simplement ce qu'il trouvera sur la feuille que le rabbin lui tendra, tandis que ses copains resteront silencieux et dignes, entourés des touristes, nombreux, certains bêtement goguenards, qui vont et viennent dans la ruelle.

     Par décence pour cet acte religieux que je respecte, mais auquel je n'adhère point, je ne pris aucune photo et m'éloignai avant la fin de la petite "cérémonie". Peut-être, par la suite, les deux autres jeunes gens se plièrent-ils eux aussi au même rituel.
      J'ajouterai simplement que j'admire qu'à notre époque des jeunes aient encore une foi, quelle qu'elle soit ...
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     En revanche, et dans la même perspective de respect, j'ai déploré trouver,  accolées en contrebas des murs extérieurs du cimetière juif, des boutiques de souvenirs exactement comme si j'étais dans n'importe quel endroit touristique du monde, commercialement et exagérément exploité.
     Mais là ne fut heureusement pas l'essentiel à retenir de ma visite dans ce Josefov que je vous propose de découvrir en détails, ami lecteur, le samedi 14 novembre prochain, après le congé de Toussaint en vigueur dans nos écoles belges ; semaine de "repos" que je vous souhaite fort agréable.

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