Magazine Culture

Anthologie permanente : Tibor Papp

Par Florence Trocmé

Poezibao a publié un grand entretien avec Tibor Papp par Alexandre Gherban (voir les liens ci-dessous)
hommage n° 2325781

dans la caverne de ta solitude bouge une feuille d’acacia
des anges mâles sont en train de danser avec toi
le paon fait la cour à ma flûte enchantée
la fente de ton sexe est le fossé de mon paradis
j’ai siroté tes rêves je suis devenu effréné
tout en tonnant pour ta défense je cherchais ta maison
dis-moi est-ce que tu sens où est la rive du fleuve
et si je partais définitivement est-ce que tu rêverais de moi
si tu étais transparente comme le timbre d’une pendule
alors je serais prisonnier de ton clocher carillonnant
je bénis mon sort car sous ton drap
tu m’as montré le secret des secrets
comme les anapestes tout nus
je t’apprends le rythme de mon attachement
en tenant tes mains mon sort s’adoucit
en dédrapant tes secrets mon bonheur se lève
                                         Adaptation d’atelier par l’auteur et Philippe Dôme*
phosphoresca

tristesse pétale d’oignon
mains excommuniées
les lettres s’écouleront longtemps de ton crâne
virevoltant comme des éclats de carreau
crépitent quand la maison brûle
l’agneau s’est perdu
perdues les mains de Debrecen
ainsi que la piété dans la lumière du sel
poussière d’étoile et mailloche
il était maintenant il est mort
ô libellules de mots heureux
les assiettes des genoux brisés sont sous la pluie
sous la pluie la coupole du temple de Jérusalem
                                         Adaptation d’atelier par l’auteur et Philippe Dôme*

notre chambre

elle est bien plus haute que la marée     depuis que je l’ai appris    dans la nuit du Zuidersee la mer luttait de vitesse     les membres englués dans le limon     merde     les digues demeurent
je tente d’assécher la tourbe de mes yeux qui soufflent du vent
champs squameux     hâte mise à nu     empilement de murs     charriant sous les branches d’os ce qui s’arrache à la terre    la mort n’entame pas les mots    et rien ne peut dissoudre les digues
                                         Adaptation d’atelier par l’auteur et Philippe Dôme*

Tibor Papp, trois poèmes.
* L'adaptation d'atelier consiste en un échange rigoureux d'informations de (sur) la langue dans laquelle le poème est écrit (la langue maternelle de l'auteur, en ce qui me concerne le hongrois), vers la langue d'accueil. Cette méthode, que nous avons mise au point, Philippe Dôme et moi, il y a une cinquantaine d'années(!), permet d'approcher au plus près des compétences respectives d'au moins deux acteurs passionnés (le poète et le récepteur, poète lui aussi), et de proposer la meilleure adaptation, le meilleur transfert de contenu possible, dans l'espoir que le résultat soit une création dans la langue d'accueil autant que dans la langue d'origine. (Note de Tibor Papp)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Florence Trocmé 18683 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines