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Photoquai: photos du monde, sur le quai

Publié le 03 novembre 2009 par Marc Lenot

Mieux vaut aborder Photoquai (jusqu’au 22 novembre) par l’Ouest et remonter peu à peu l’exposition de plein air, en face du musée du quai Branly. En effet, pour le visiteur qui arrive dans l’autre sens, depuis l’Est, la première impression est celle d’assez banales photos documentaires, avec toujours le même discours sur l’écologie, le nucléaire, les peuples en voie de disparition, les conflits divers, les anciens combattants, la beauté fragile de l’Antarctique ou les coutumes mongoles, et autres témoignages sociaux, toutes choses méritoires, mais qui, même photographiées par un Patagon, n’ont guère plus de densité artistique que la peinture d’histoire du XIXème siècle, manquant cruellement de distanciation, développant leur argumentaire avec lourdeur. Les procédés semblent un peu trop évidents, recoloration photoshoppée et autres artifices, et les protocoles de travail un peu trop basiques : batterie de photographes afghans à l’air déterminé, substitution de la photographe à ses modèles, statuettes d’Indiens dans le paysage, superposition de photos anciennes ou petit jeu de ‘où est Hiromi ?’ en chemise bleue dans la photo. Mais, par je ne sais par quel mystère de l’accrochage, au fur et à mesure que j’avançais (vers l’Ouest), les travaux devenaient plus intéressants, plus complexes, plus élaborés. Alors munissez-vous d’une boussole et commencez du bon côté, il y a aussi, dans cette biennale de photographes du monde entier, de belles découvertes à faire. 

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Commençons par un des Iraniens, Abbas Kowsari; il est, paraît-il, photojournaliste. Mais cette composition minimale, avec la mer et l’eau qui ne forment plus qu’un monochrome bleu, sur lequel la figure humaine n’est plus qu’une virgule, n’a plus grand chose à voir avec l’état du monde, c’est à peine une représentation, une évocation, c’est avant tout, à mes yeux, un équilibre formel très réussi.

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(Nuance d’eau, Lac d’Orumieh).

Dans la même veine, la Marocaine Lamia Naji (dont une vidéo sur les Gnawas m’avait plu à New York) réalise des photographies très construites, évoquant semble-t-il la perte de l’être cher; avec une grande économie de moyens, elles signalent le vide, l’absence (Vertigo, Désolation II).

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L’Egyptienne Nermine Hammam, faisant le portrait de femmes du peuple en combinant plusieurs niveaux d’images, fait remonter à la surface des rites anciens, des usages perdus, lamentations ou passions : est-ce là une pietà ? Dans cette image rendue quasiment irréelle, ce renversement du corps est-il douleur, cette inclinaison de la tête est-elle compassion ? Peut-être atteint-on ici l’universel (Palimpseste)

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Plusieurs des photographes jouent volontiers avec l’humour décalé, la confrontation d’éléments incongrus. Ainsi l’Iranienne Gohar Dashti installe-t-elle son couple amoureux au milieu de champs de bataille, indifférents à l’horreur qui les entoure (La vie et la guerre aujourd’hui). 

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Le Kazakh Saïd Atabekov, dans Le chemin qui mène à Rome(#4), évoquant peut-être Marco Polo et la route de la soie qui traverse son pays, introduit des éléments incongrus de modernité dans l’iconographie traditionnelle de son pays : ces femmes en costume typique désembourbant une voiture de l’ONU sont aussi un commentaire ironique sur les mécanismes de l’aide humanitaire.

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Enfin, j’ai admiré la beauté irradiante et sensuelle de cette femme aborigène Wiradjuri sous la lune, cette photographie redonnant à ce peuple décimé une présence physique rare (Brook Andrew, Tina, Katar Midday série).

En somme, il faut saluer ce travail de découverte, mais mon sentiment est que cette Biennale gagnerait à se dégager un peu plus du reportage et de la photo à thème, et à affiner davantage ses choix artistiques. 


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