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Talking Timbuktu

Publié le 01 février 2009 par Cloudsleeper

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Tombouctou… encore un autre bout du monde, aux portes du désert cette fois. Une ville de sable et de terre comme sa mosquée emblématique datant du 14ème siècle. Jadis une ville d’un grand rayonnement intellectuel et spirituel, connue dans tout le monde arabe pour ses bibliothèques, ses écoles coraniques, ses 333 saints… mais aussi un lieu de commerce intense grâce aux caravanes de sel, aux mines d’or qu’on trouvait dans la région et au fleuve Niger qui la borde. Tombouctou, comme un dernier rempart de civilisation avant le Sahara et un lieu qui a fait fantasmer bien des explorateurs occidentaux parmi lesquels René Caillé qui fut le premier d’entre eux à en ressortir… vivant ! Tombouctou comme un vieux rêve pour moi… un rêve d’éloignement, la nécessité de s’enfoncer loin dans le désert pour approcher le silence, le dépouillement, le vide, soit un écho équivoque à ce vent du néant qui souffle au creux de mon crâne.

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Ce nom mythique a évolué en parfait synonyme de bout du monde pour devenir une expression idiomatique chez les anglo-saxons : « you’re going to Timbuktu !», autant aller au diable vauvert… nulle part ? T. E. Lawrence (celui d’Arabie), pour qui le désert a été toute sa vie, disait : « pour les penseurs que la ville a enfantés, l’appel du désert a toujours été irrésistible : je ne pense pas qu’ils y trouvent Dieu mais qu’ils entendent plus distinctement dans la solitude le Verbe vivant qu’ils portent en eux. »

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Tombouctou et la Mali c’est aussi l’origine possible blues américain, entre rythmes africains et cordes touarègues, soit un grand phantasme musical pour moi. Tout avait commencé vers 1995 lorsqu’un ami me fit un jour écouter ce CD ‘Talking Timbuktu’ d’Ali Farka Touré et Ry Cooder. Le premier m’était alors inconnu et le second, un guitariste de slide fort inventif (beaucoup ont encore en tête le blues angoissant de la musique du film Paris-Texas de Wim Wenders ou encore celle du Buena Vista Social Club dont il fut à l’origine de la redécouverte). L’exercice périlleux des échanges musicaux oscille entre haussements d’épaules et enthousiasme encombrant, l’immédiat et la maturation se chamaillant à leurs heures. Heureusement le temps n’a pas de prise sur certaines musiques et arrive ce qui doit en tant voulu. D’abord intrigué par la guitare bluesy d’Ali Farka proche de celle de John Lee Hooker, puis conquis par son rythme lent et poignant, je restais sceptique quant aux instruments traditionnels maliens, aux voix considérées alors comme aigres...

On ne sait jamais pourquoi certains titres vous trottent dans la tête et vous forcent à les réécouter d’année en année : virus ? addiction ? émotions enfouies ? La mémoire joue parfois de bons tours. Continuant à écouter ce CD au fil des ans, cette musique prit peu à peu toute son ampleur et m’a enveloppé de ses harmonies lumineuses, de ses cliquetis de calebasse, de ce violon monocorde… Sa force et son sens sont venus s’imposer au fil du temps, entrant en résonnance avec mon être ; c’est ce moment où chaque note, chaque instrument, chaque phrase fait vibrer ce supplément d’âme, s’il en reste. C’est cela qu’on prête à ces grands artistes afro-américains tels qu’Ella Fitzgerlad ou John Lee Hooker, à la différence peut-être que leur musique est nettement plus extrême et tourmentée que celle de leurs cousins qui n’ont pas subi les déportations esclavagistes. Âme enracinée dans son continent et plus sereine, j’apprécie mieux encore le jeu virevoltant et délicat du maître Ali, de même que ses harangues proches de celles des griots, suite à mon passage sur ses terres et parmi ses enfants (écoutez également son fils, Vieux Farka Touré, Afel Bocoum le complice ou Samba Touré, l’élève). Ces musiques-là vous prennent quand le bon moment est venu, dissolvant le temps, l’attente et les doutes (d’où l’exercice délicat voire illusoire de chroniquer des CD dès qu’ils sortent… mais ça c’est une autre histoire disait Gérard Blanc).

La richesse musicale du Mali dont Ali Farka Touré était l’un des insignes représentants, trouve un mode d’expression « live » qui touche un large public grâce au Festival au désert organisé chaque année à

70 km

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